Bienvenue à tous ceux qui aiment lire ...

Lire, pour moi, c'est échapper au quotidien tout en restant proche des hommes et de leurs réalités ...

samedi 19 août 2017

La tête hors de l'eau de Dan Fante

Ed. Points, 2000/2017, 209 p., 6€50
Bruno hésite entre vie déglinguée avec drogue et alcool à gogo et la survie en milieu ordinaire.
De petits boulots en petits boulots, il échoue et fait merveille dans une entreprise de fournitures de bureau. Il a été recruté par un ancien des AAA qui croit dur comme fer aux vertus du travail acharné.
Mais c'est compter sans la très belle Jimmi aux yeux bleus qui lui font complètement perdre la tête ...
Mélange d'autobiographie et de fiction, à quel degré ? Tout ce qui tourne autour de l'addiction à l'alcool est criant de vérité, connaissant la vie de l'auteur et de sa famille ...
Ce roman ressemble à un cri vital, désespéré mais plein de désir de vivre qui malgré les turpitudes du héros pitoyable, le rend terriblement humain.
Franchement, j'ai été dégoutée par certains passages, la façon dont les personnages se considèrent et se parlent mais le roman reste un parfait constat des ravages de la dépendance à l'alcool.
A lire !
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Une journée dans la vie d'une femme souriante de Margaret Drabble

LDP, 2011, 348 p., 7€30
Recueil de nouvelles ciselées dont les héroïnes, de tous âges et de milieu plutôt bourgeois, font preuve d'une remarquable envie de vivre et se débrouillent comme elles peuvent avec leurs problèmes.
Une vision féminine des femmes : nos qualités mises au service de la survie en terrain généralement hostile, un certain pragmatisme salvateur  ;o)
Un style d'une précision parfois un peu étouffante mais toujours juste. Au moment où on commence à se lasser des descriptions somptueuses de la nature, arrive un rebondissement salutaire,  ouf !
Je me suis régalée !
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La daronne de Hannelore Cayre

Ed. Métailié noir, 2017, 171 p., 17€
A cinquante trois ans, Patience est revenue de tout. On dit généralement qu'elle a mauvais caractère mais elle prétend que les gens l'énervent parce qu'ils ne l'intéressent pas, tout simplement.
A part ça, elle est interprète auprès des services des stups à Paris, elle parle arabe couramment vu qu'elle a été entièrement élevée par un marocain, employé de ses parents. Drôle de famille : père dans des business louches et lucratifs, mère au foyer qui ne s'est jamais intéressée à autre chose qu'elle même et a négligé ses enfants.
Patience a deux filles, adultes, qu'elle a élevées seule et souhaite les aider, ce que n'a pas fait sa propre mère avec elle.
Problème : elle gagne trop peu et s'estime sous payée par la police.
Alors, dès que l'occasion se présente au cours de ses traductions, elle n'hésite pas à utiliser ses compétences pour s'indemniser et se lance dans des affaires ... juteuses ! Et devient la Daronne.
Beaucoup d'humour ironique et au second degré pour ce roman marrant qui parlera à toutes les femmes autour et après la cinquantaine.
Un bon polar pour l'été.
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L'archipel d'une autre vie de Andrei Makine

Seuil, 2016, 281 p., 18€
Laissez vous emporter par la magie de cette histoire et le style magnifique d'Andrei Makine !
Makine nous entraîne dans son univers fait de taïga, de survie, de sentiments nobles et ignobles, de temps troubles et de destins contrariés.
C'est un grand récit qu'il nous offre même si les 281 pages paraissent bien courtes au lecteur.
Le héros, orphelin en apprentissage, rencontre un homme énigmatique qu'il suit habilement dans la taÏga. Celui-ci, attentif au jeune être en devenir, va lui raconter sa vie et au fil du récit, l'aider à se construire et lui apprendre à survivre dans ce milieu hostile mais magnifique.
Récit initiatique mâtiné d'éléments autobiographiques, Makine nous balade en pleine nature et nous raconte son pays natal avec amour et horreur.
Un coup de cœur ! A lire absolument !
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Le prince des marées de Pat Conroy

Trad. F. Cartano, Pocket, 1986, 1069 p.
Mille soixante neuf pages ! Ouf, mais 1069 pages bourrées d'esprit, d'aventure, d'humanité.
1069 pages qui vous embarquent en Caroline du Sud et vous y laissent mariner dans un mélange complexe d'amour, de haine, d'humour, de tristesse, d'injustice, de bataille ... La vie qui bat, la vie qui va, à avaler d'une traite.
Tom, Luke et Savannah sont les 3 rejetons de la famille Wingo, père pêcheur de crevettes, mère plus jolie femme du comté. Entre un grand père confit en dévotion et une grand mère partie faire le tour du monde et revenue sur le tard, entre un père violent et une mère manipulatrice de haut vol, les enfants se serrent les coudes et poussent comme ils peuvent, se servant de leur intelligence.
En toutes circonstances, reste cet indissoluble amour qui les lie et leur permet de survivre.
Et il y a les marais, l'océan, la nature, la forêt et ses animaux qui les fascinent et leur offrent abri et échappatoire.
Après plusieurs tentatives de suicides, Savannah est internée à New York où elle a déjà publié plusieurs recueils de poèmes, encensés par la critique. Tom, son jumeau, en pleine crise conjugale, vient la voir et l'aider. Il décide de voir sa psychiatre et entre le Dr Lowenstein et Tom se crée un lien tant amoureux que professionnel : Tom raconte leur enfance en Caroline du Sud et éclaire le médecin sur Savannah.
Il y a l'ambiance lourde de la Caroline du Sud, sa tradition sudiste, raciste et son mépris des pauvres.
Il y a de beaux morceaux de bravoure où les enfants Wingo s'illustrent : le sauvetage du marsoin blanc, la défense de Benji, le premier élève noir de leur école, la punition de la famille Newbury qui a humilié leur mère et Tom ...
Et en toile de fond, il y a l'écologie, la psychanalyse, la transgression des traditions, le pacifisme, le courage de s'opposer au plus grand nombre. Des thèmes universels qui font vibrer le lecteur.
Et par dessus tout, il y a ce style inimitable fait d'une ironie ravageuse mais jamais malveillante, d'autodérision tendre et d'analyse des rapports humains.
Difficile d'embrayer sur une autre lecture, toutes paraissent bien fades ...
Un film a été tiré du roman, avec Barbara Streisand et Nick Nolte. Visionnage bientôt.
Un grand coup de cœur.
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Le ventre de l'Atlantique de Fatou Diomé

Livre de poche, 2003, 254 p., 6,00€
Salie vit en France, elle y écrit mais son pays d'origine est le Sénégal.
De naissance hors mariage, c'est sa grand mère qui l'a élevée car sa mère a pu se remarier. La honte aussi existe au Sénégal ...
A travers ce personnage qui lui doit tant, l'auteure raconte avec beaucoup d'humour ce que la France, pays adoré des Sénégalais, représente pour eux. Combien ne pas faire fortune quand on s'y exile est humiliant et comment tout ceux qui en reviennent ponctuellement ou définitivement, se doivent de partager avec ceux restés au pays leurs "richesses". Que ces richesses soient illusoires (tant ceux qui souffrent en exil et gagnent peu sont nombreux) ou qu'elles aient été mal acquises ...
A travers l'évocation de la passion des sénégalais pour le football, elle passe au crible injustices, humiliations, pillages de richesse que la glorieuse France a infligé et continue à infliger au Sénégal ...
Avec un regard tendre mais critique sur son pays et ses habitants, sur la place de la femme.
Un grand passage sur la description de la polygamie, beaucoup d'humour pour beaucoup de souffrance.
A lire absolument.
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Petit Pays de Gaël Faye

Editions Grasset, 2016, 215 p., 18€
Les souvenirs d'enfance transmettent toujours un peu de l'enthousiasme, de la fraicheur et de l'émerveillement devant le monde de leur auteur à cette période de sa vie. Et pour cela, ils nous ravissent et nous émeuvent.
Petit Pays n'échappe pas à la règle car même si le récit n'est pas autobiographique, il s'inspire largement de l'enfance de l'auteur.
Pour Gabriel, au même moment s'effondrent sa famille et le pays dans lequel il vit.
Réfugiée rwandaise, arrivée au Burundi en 63, Yvonne, sa mère, veut partir en France pour trouver une sécurité qui commence à se désagréger inexorablement au fur et à mesure que les tensions entre Tutsi et Hutu s'aggravent.
Entre son père français, Michel, qui refuse de parler politique et de voir la situation en face et sa mère dont l'angoisse monte, Gabriel sait bien que la séparation sera inévitable mais lorsque, après une dispute plus sévère que d'habitude, sa mère quitte la maison familiale, les laissant sa sœur Ana et lui avec leur père, son monde s'écroule.
Il se réfugie auprès des copains, dans le havre de bonheur d'une nature accueillante où personne ne les surveille ... et s'immerge dans les livres qu'une vieille voisine grecque, Mme Economopoulos lui fournit.

... "Au temps du bonheur, si on me demandait "Comment ça va ?" je répondais toujours "ça va". Du tac au tac. Le bonheur, ça t'évite de réfléchir. C'est par la suite que je me suis mis à considérer la question. A soupeser le pour et le contre. A esquiver, à opiner vaguement du chef. D'ailleurs, tout le pays s'y était mis. Les gens ne répondaient plus que par "ça va un peu". Parce que la vie ne pouvait plus aller complètement bien après tout ce qui nous était arrivé." ...

Les vicissitudes de l'amitié entre enfants, l'ennui pendant les vacance, les escapades, le rituel de l'école se mêlent aux paroles des adultes qui traduisent la situation précaire, la haine mais aussi aux descriptions des habitudes locales, des paysages magnifiques, des détails du quotidien. L'horreur du génocide des Tutsis rattrape petit à petit l'enfant, touchant ses proches tandis que les disputes gagnent le petit groupe d'amis ...
De père français et de mère rwandaise, Gabriel, "le petit cul blanc", ne se sent finalement accepté par aucun bord et c'est bien d'identité, de souffrance, d'amour de son pays et des gens qui y vivent que parle le roman ...
Un très beau livre qui s'inscrit en parallèle avec ceux de S. Mukasonga. Un prix Goncourt des lycéens bien mérité, comme d'habitude !
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Le fils de l'Ursari de Xavier-Laurent Petit

coll. Medium, 269 p., 2016, 15,80€
Ciprian est le fils d'un montreur d'ours, tsigane. Sa famille harcelée par la police doit fuir d'Europe Centrale et se réfugie à Paris. Dans le bidonville, chacun doit trouver un "métier"pour payer celui qui le rançonne : mendiant, ferrailleur ou "emprunteur" de portefeuilles. Et un jour, au jardin du Luxembourg, Ciprian découvre les échecs, un jeu qui va bouleverser sa vie.
Une description sans mièvrerie, sans bons sentiments dégoulinants et sans angélisme. Les tsiganes sont comme ils sont, pas toujours recommandables, pas toujours généreux mais ils ont leur code d'honneur et ils sont des hommes.
Connaitre les différences ce n'est pas forcément les accepter mais c'est déjà faire un pas vers l'autre.
Il faut aborder le roman sous cet angle de vue.
Très agréable à lire.
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Le gang des rêves de Luca Di Fulvio

trad. Elsa Damien, Slatkine et Cie, 2016, 715 p.
L'histoire de Christmas, enfant du Lower East Side populaire de la fin du 19e siècle aux Etats Unis, commence avec celle de sa mère, Cetta. Malgré la protection de sa propre mère, Cetta qui est très jolie, se fait violer par un riche propriétaire terrien. Enceinte, elle doit quitter l'Italie et s'exiler pour éviter la honte. Elle débarque à New York en suivant l'itinéraire habituel des immigrants. Recrutée pour un bordel, elle est logée avec son enfant chez un vieux couple dont le fils a été assassiné. Saul, responsable du lieu où elle travaille et secrètement amoureux d'elle, ainsi que le vieux couple prennent soin de la très jeune mère et de Christmas qui grandira dans une vraie famille, entouré d'affection. Un jour, il découvre dans la rue une jeune fille, Ruth, qui vient d'être violée et tabassée et l'aide. Cetta explique à sa façon à son fils qu'il faut respecter les femmes ... Une relation difficile mais empreinte d'affection nait entre Ruth, fille d'une riche famille et Christmas.
Au fil des années, Christmas développe sa vive intelligence et fait montre de qualités de débrouillardise exceptionnelles mais aussi d'un don pour inventer et raconter des histoires. Devenu adolescent, il doit choisir sa voie : celle de la rue et des gangsters parmi lesquels il vit ou celle de l'honnêteté et d'une vie avec Ruth ?
Le lecteur se laisse emporter par ce récit mouvementé où tous les ingrédients nécessaires sont rassemblés pour une belle  histoire romantique sur fond de réalité sociale et de racisme anti noir, un amour entre une jeune fille riche et un jeune des bas fonds au cœur généreux ... Mais hélas, trop de dénouements convenus, déjà vus, attendus et une psychologie un peu superficielle gâchent le plaisir de la lecture. Si on finit le roman sans problème, on en connait à l'avance la chute et c'est sans surprise que tout se déroule sous les yeux du lecteur.
Visiblement écrites pour servir de scénario de film, les scènes se déroulent comme un long fleuve trop tranquille ... on est loin du magnifique "Il était une fois l'Amérique" de Sergio Leone, de sa profondeur humaine et du beau personnage de Noodle, joué par un Robert De Niro à la personnalité complexe.
Paradoxalement, l'élément le plus intéressant du roman reste la naissance d'une radio libre dans un quartier de noirs pauvres. Ces derniers vivent comme une revanche cette réalisation pleine de fantaisie et de génie technique grâce aux moyens du bord. Il nous rappelle qu'il y eut une période où les médias n'envahissaient pas encore notre quotidien. Bien sur, la radio sera rachetée par un grand groupe, réalisme oblige.
Dommage, il ne manquait pas grand chose. Reste le plaisir de se laisser aller à une lecture aux idées généreuses sinon originales, qui ne demande pas trop d'analyse et vous embarque quand même !
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Electre à la Havane de Leonardo Padura

trad. René Solis et Mara Hernandez, Ed. Métailié, 2003, 230 p., 9€
Leonardo Padura a écrit le premier roman policier cubain qui montrait la réalité de la vie quotidienne des cubains, les difficultés et les trafics, le manque de liberté, l'existence des privilégiés du régime, le machisme et l'homophobie ambiante. D'autres auteurs ont ensuite exploité le filon ...
On a déjà vu des héros de polar désenchantés, portés sur la boisson, sur le sexe mais au grand cœur et fidèles en amitié ... mais Padura décrit précisément, avec humanité, ce que vit le héros.
Un témoignage précieux, sincère, d'un moment dans l'histoire de Cuba.
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Kinderzimmer de Valentine Goby

Une découverte ! A l'occasion d'Automne en librairie, j'ai rencontré V. Goby, invitée à la librairie Imbernon, au Corbusier, pour une table ronde.
Je n'avais rien lu d'elle qui a pourtant déjà écrit 9 romans et récits adultes et encore bien plus en jeunesse.
Rencontre intéressante où l'auteure s'est livrée, simplement, sans affectation. Une femme de conviction, chacun de ses romans traite un thème qui lui tient à cœur.
La Kinderzimmer est la pouponnière qui a existé brièvement au sein du camp de concentration de Ravensbrück. Au début, les nazis avortaient les femmes et tuaient les nouveaux nés. Puis, on ne sait exactement pourquoi, cette pouponnière fut créée. Elle exista de mi 44 à la libération du camp. Les bébés ne dépassaient pas 3 mois, ils mouraient de faim car les mères n'avaient pas de lait, ils mouraient aussi de froid et du manque d'hygiène.
Mila, personnage imaginaire, arrive en 44 à Ravensbrück, une déportée NN, arrêtée pour résistance, enceinte. Mais une femme l'avertit : il ne faut jamais aller au revier (hopital du camp) car on y meurt, il n'y a pas de médicaments, on y attrape toutes les maladies qui trainent et les nazis vous achèvent facilement. Il ne faut pas se déclarer enceinte car, si momentanément cela donne droit à une gamelle de soupe claire supplémentaire, on attire l'attention et la moindre faiblesse est synonyme de mort.
Mila ne dit rien, à personne.
La description de l'arrivée au camp, de la vie quotidienne, des souffrances corporelles, la faim, les blessures, le froid, l'appel matinal, les humiliations, la peur est scrupuleuse. Tout passe par le corps, le corps est ce que nous avons en commun, on souffre des mêmes maux, on ressent les mêmes choses, c'est ce que tous les êtres humains ont en commun. Puis vient l'âme ... seulement après.
Valentine Goby a mené des recherches très poussées pendant plusieurs années, elle a recueilli les témoignages de Marie-José Chombard de Lauwe qui avait été affectée à la Kinderzimmer et d'autres déportées de Ravensbrück. Des combattantes, des résistantes dans l'âme comme elle les décrit. Mais elle a choisi de montrer des femmes non des héroïnes, des femmes avec leurs faiblesses, leur découragement, leur recherche d'une raison de vivre dans un lieu où tout était fait pour les supprimer.
On est loin de Germaine Tillion, de Geneviève De Gaulle ... mais les petits gestes de solidarité et le soutien moral entre femmes sont là ; dans le dénuement total, le récit est illuminé par la capacité à rêver, à se rappeler des belles choses du passé,  des gens aimés et des recettes de cuisine ... 
Et le résultat est formidable, réaliste, poignant. Porté par un style simple mais inspiré, partant du ressenti, entièrement au présent, le roman aide à comprendre comment ont vécu toutes ces femmes. 
La récompense pour l'auteure ? Hormis le succès du roman, ce fut la réaction de Marie-José Chombard de Lauwe à qui elle a donné le manuscrit dès qu'elle l'a achevé. Avec angoisse elle attendait son avis : la résistante a lu le texte 3 fois, un crayon à la main et n'a finalement fait qu'une annotation ... pour préciser une date !
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D'ailleurs les poissons n'ont pas de pieds de Jon Kalman Stefansson

Trad E. Boury, Gallimard, 2015, 22€50, 442 p.
Un roman à deux voix, celle d'Ari et celle de son meilleur ami.
Ari a une maitresse, il vit sa crise existentielle de milieu de vie et décide de tout quitter, femme, enfant, maison.
C'est vers son pays d'origine, l'Islande, que cet éditeur réputé va chercher le réconfort. Dans les souvenirs familiaux, intimement liés à l'histoire de son pays.
Très beau roman, aux nombreux passages philosophiques mais aussi engagés dans la dénonciation d'un capitalisme qui broie les êtres humains, pêcheurs de métier et travailleurs des usines de poissons.
Le mélange très imbriqué des sentiments, des réflexions sur la vie et les relations humaines avec les conditions de vie et l'évolution de la société islandaise rendent le texte très vivant.
De très belles descriptions de la nature hostile évoquent les séries tv nordiques à l'ambiance pesante et parfois angoissante.
Des sentiments et une réflexion universels du plus grand auteur islandais en vie.
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La conjuration des imbéciles de John Kennedy Toole

Trad. JP Carasso, coll 10/18, 477 p.
Un gros roman débridé, aux personnages caricaturaux et petits, tout petits, au héros qui, bien que complètement fou, retombe toujours sur ses pattes et se sort de toutes les situations ... Prétexte à une critique acerbe des USA et du comportement humain en général. Faut avoir (et garder) le moral pour le lire !
Je ne l'ai pas fini, trop dense, trop débridé pour moi, mais il y a des passages rigolos car totalement farfelus.
L'auteur s'est suicidé après l'avoir écrit. Ironie du sort, le livre, dès qu'il a été publié, a rencontré un immense succès dans son pays.

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Sept histoires qui reviennent de loin de Jean-Christophe Rufin

Gallimard, 2011, 163 p., 16,50€
Un beau recueil de nouvelles où l'auteur déploie son savoir faire.
Chacune a une vraie chute, il y a les comiques et les grinçantes, les tragiques, les délicates, celles qui pointent l'absurdité des passions humaines, l'inconstance des hommes, leur fanatisme ... Ces nouvelles recèlent un concentré de l'âme humaine en quelque sorte, comme si d'un tube de dentifrice sortait l'essence de ce que nous sommes avec le meilleur et le pire !
Et le beau style de Rufin, élégant et efficace.
A lire pour un bon moment de lecture intelligente et humaniste.
Publié en poche.
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Une histoire de sable de Benjamin Desmares

Ed. du Rouergue, 2016, 133 p., 10,70€
Un joli roman plein de charme qui vous embarque tambour battant, vous captive et ne vous lâche
pas !
Qui irait passer les vacances de février dans une station balnéaire déserte ? Les parents de Jeanne, en recherche de calme pour travailler, ont loué une maison banale et kitsch. Mais quand on a 16 ans, on a plutôt envie de voir des ados et de s'amuser. Jeanne rencontre heureusement Alain qui a son âge et son petit frère Bruno. Avec eux, elle va passer de bons moments de rigolade mais va se rendre compte peu à peu de l'étrangeté de leur situation ...
Le roman lie problème d'environnement côtier et jolie histoire d'amour dans une ambiance fantastique, du vrai fantastique, celui où le réel dérape sans explication, où la nature ajoute sa touche inquiétante, où l'imagination se libère ... Le portrait psychologique de l'héroïne est plein de réalisme et les adolescentes pourront s'identifier sans mal ! Bougon, impulsive, peu sure d'elle et en même temps avide d'amour romantique et généreuse. Tout un programme ...
B. Desmares sait faire naître l'émotion, juste ce qu'il faut pour nous donner les larmes aux yeux sans être gnangnan.
Une réussite.
Un roman à avoir en CDI pour les lecteurs de 13 à ...
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Le charme discret de l'intestin de Giulia Enders

Trad. Isabelle Liber, Actes Sud, 2015, 350 p., 21,80€
Une vulgarisation, dans le bons sens du terme, de ce que l'on sait actuellement sur le système digestif et les intestins, en particulier sur le gros intestin.
G. Enders fait le point sur un domaine qui, jusque là peu exploré, est investi de plus en plus par les chercheurs. Elle nous montre combien la mécanique de notre digestion est complexe et complète, combien elle influe sur tout notre corps et notre comportement.
Et réhabilite cet organe qui contient "autant de neurones" qu'un cerveau de chat tant est si bien qu'on l'appelle maintenant "notre deuxième cerveau", titre d'un documentaire diffusé sur Arte qui a donné lieu à la parution d'un essai très intéressant aussi (Le ventre, notre deuxième cerveau, Fabrice Papillon, Héloise Rambert, Ed. Tallandier).
Mais elle ne s'arrête pas là et prodigue un certain nombre de précieux conseils d'hygiène de vie.
Intelligence, précision et humour. Un bon cocktail.
A lire absolument si vous vous intéressez au sujet.
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Le dernier amour d'Attila Kiss de Julia Kerninon

Ed. du Rouergue, coll. La brune, 2016, 123 p., 13,80€
Attila Kiss n'est pas recommandable et il n'est pas sympathique. Il a épousé par amour sa femme Alma et par contre-coup, les activités louches de son beau-père. Lui, le pauvre, est devenu homme de main, il accomplit toutes les basses œuvres, avec quelques états d'âme.
Lorsqu'il n'est plus amoureux de sa femme stérile, il prend une maitresse dont il a 2 enfants. Après avoir détourné de l'argent, il est obligé de s'enfuir de Budapest et abandonne lâchement tout le
monde ...
Pour échouer dans une région aride et travailler dans une terrible usine d'élevage de poussins. Et se mettre à la peinture. Et retomber passionnément amoureux d'une riche héritière qu'il peine à comprendre. Son amour fou se heurte à la haine de classe, sa fascination pour sa jeunesse s'oppose au mépris pour sa méconnaissance des difficultés du quotidien, sa lassitude au caractère passionnée de son amante. Lequel sera le plus fort ?
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Lucy in the sky de Pete Fromm

trad. Laurent Bury, Gallmeister, 2015, 385 p., 24€
Comment se construire au moment de l'adolescence lorsqu'on a des parents défaillants ?
Lucy Diamonds, 14 ans, découvre au fil des jours que son père s'absente en permanence et que sa mère tente de l'oublier auprès d'autres hommes. Sévère déconvenue pour une enfant qui adorait ses parents ...
Il lui faudra du temps pour trouver sa propre voie, comprendre que la vie des adultes file à toute allure sur des pentes glissantes et incertaines et que sa propre vie lui échappe parfois. Mais la blessure de l'enfance livrée à elle même restera profondément enfouie en elle tandis qu'elle devra se débrouiller et trouver des solutions toute seule.
Le roman de la jeunesse d'aujourd'hui, le roman des parents écartelés entre leurs responsabilités et le désir de vivre une vie libre et enrichissante pour eux mêmes. Souvent au détriment de leurs enfants.
Beaucoup d'humour et de vivacité pour un récit qui met parfois mal à l'aise mais est criant de vérité.
Le tableau d'une époque.
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L'amie prodigieuse d'Elena Ferrante

Trad. Elsa Damien, Gallimard, coll. du monde entier, 2014, 388 p.
Nul ne sait qui se cache derrière le pseudonyme d'Elena Ferrante, femme ou homme, jeune ou âgé(e), citadin(e) ou campagnard(e) ... Seul son éditeur connait cet écrivain prolifique dont l’œuvre s'étale maintenant sur 4 tomes relatant l'histoire d'une amitié entre deux femmes aussi différentes qu'attachées l'une à l'autre, de l'après guerre à nos jours.
Le premier tome, l'amie prodigieuse, débute à Naples dans les années cinquante. Elena et Lila, enfants de familles pauvres, nouent une amitié tourmentée, faite de tendresse et de rivalité, de jalousie et de générosité. 
Lila est surdouée mais sa famille ne l'aide pas, obsédée par un labeur entièrement dédié à la survie matérielle quotidienne (le père est cordonnier). Malgré son désir d'écrire et ses grandes qualités littéraires, elle doit travailler dans l'atelier du père ...
Elena dont le père est portier à la mairie, est aidée par son institutrice qui use de son aura et de son ascendant pour obliger ses parents à lui payer des études.
La description du quotidien, des mentalités de l'époque, des relations homme-femme, des difficultés des pauvres, de l'influence de la religion rendent le récit passionnant et particulièrement réaliste. Les grands évènements ne sont évoqués que de loin, c'est les éléments du quotidien des gens qui retiennent toute l'attention de l'auteur.
Vie professionnelle, vie affective, tout éloigne les deux héroïnes et pourtant, l'une et l'autre restent des repères réciproques quand les méandres de l'amitié brouillent les pistes. La vie tout court arrivera-t-elle à les séparer ?
Mêlant psychologie et peinture sociale, le roman offre deux portraits attachants. Un bonheur !