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samedi 17 mai 2014

Amkoullel, l'enfant peul de Amadou Hampâté Bâ

Livre de poche, 2010 (1ère parution 1991 chez Actes Sud), 442 p., 7€
Amadou Hampâté Bâ est un conteur/ethnologue malien, né "vers" 1900 à Bandiagara et décédé en 1991 à Abidjan, Côte d'Ivoire.
Dans ce roman autobiographique, il nous entraine à sa suite dans l'Afrique de l'Ouest du début du 20e siècle et plus précisément, dans la région qui est aujourd'hui le Mali.
Plongée, immersion, on l'appellera comme on veut mais le charme a totalement opéré sur moi et je me suis laissée imprégner de ce monde tour à tour coloré, imagé, pittoresque mais aussi injuste et cruel ... Et puis, comment ne pas succomber au plaisir de lire en page 53 l'adage malien : "Tout ce que nous sommes et tout ce que nous avons, nous le devons une fois seulement à notre père, mais deux fois à notre mère" ;o)
AHB possédait une mémoire hors du commun et toute description chez lui est précise. Il se souvient des moindres détails, des couleurs, des odeurs, des faits et gestes de chacun, grâce, précise-t-il, à l'école coranique où l'enseignement développait la mémorisation orale des versets du coran dès le plus jeune âge.
Le récit, touffu et quelque peu indigeste dans le premier chapitre car il porte sur  la généalogie de sa famille et les rivalités de clan, s'éclaire dès qu'on passe aux souvenirs personnels de l'auteur, à partir de 7 ans quand il commence à aller à l'école coranique.
Vous saurez tout sur les habits, les cases, la façon de procéder pour obtenir une autorisation auprès des responsables officiels, les relations entre les "blancs-blancs" et les "blancs-noirs", le rôle du chapeau colonial, les plats, les transports, la circoncision, les associations de jeunes ("waaldé") etc.
Ce roman est une source infinie de connaissances que le style imagé et humoristique du conteur rend passionnante.
Au goût du détail, AHB allie le bon sens du conteur africain ainsi qu'une philosophie humaniste. Et il ne garde que le meilleur des principes religieux islamiques ...
Mais le récit ne s'arrête pas au pittoresque, il évoque aussi la cohabitation et l'exploitation des noirs par les "peaux-allumées" ou "gobeurs d’œuf" comme étaient surnommés les français coloniaux. La marche forcée vers l'acquisition de la langue française, l'occidentalisation au mépris de la culture africaine, les humiliations quotidiennes et les mauvais traitements, le travail obligatoire, l'enrôlement des fils de chefs pour les former et les faire travailler dans l'administration française et le règne des "petits chefs". Bref la colonisation dans tout son aveuglement, sa cruauté et son injustice.
Il faudrait plusieurs pages pour rendre compte de façon précise du roman.
Un vrai coup de cœur. N'hésitez pas à survoler le premier chapitre si vous vous ennuyez, c'est le moins sympa (quand même utile pour mieux situer l'auteur et sa famille) !
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