Bienvenue à tous ceux qui aiment lire ...

Lire, pour moi, c'est échapper au quotidien tout en restant proche des hommes et de leurs réalités ...

mardi 20 mai 2014

Thérapie de David Lodge

Trad. Suzanne V. Mayoux, Ed. Rivages, 1996, 360 p., maintenant en poche 9€30
Petite déception à la lecture de ce roman dont on m'avait dit beaucoup de bien.
Bien sur il y a beaucoup d'humour mais les malheurs à répétition de ce scénariste TV anglais un peu bobo ne m'ont pas passionnée ...
Alors que Lawrence mène une petite vie bien tranquille, son genou commence à le faire souffrir, annonçant des complications qui s'enchaînent : l'héroïne de la série qu'il écrit arrête brusquement le tournage, le producteur cherche un autre scénariste, sa femme le quitte et, sans trop savoir pourquoi, toutes ses relations avec les femmes sont vouées à l'échec.
D'un bonheur trop tranquille, il passe à une inquiétante insécurité. Et la lecture de Kierkegaard ne l'aide pas le moins du monde !
On pense parfois à Woody Allen avec qui le héros partage des angoisses existentielles.
Mais pas de souci, le héros, bien que philosophe ou parce que philosophe, est un bon vivant qui va vite trouver une solution à ses problèmes, par lui même et sans l'aide des multiples thérapies qu'il a commencées ... d'où le titre.
A lire pendant les vacances, sur la plage.
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dimanche 18 mai 2014

Mémoires de porc-épic d'Alain Mabanckou

Seuil, 2006, 228 p., 16,50€
Prix Renaudot 2006
Un récit plein de fantaisie où l'humour jaillit lorsque A.M mêle merveilleux africain et considérations pragmatiques sur la vie des hommes ...
Kibandi vit dans un village du Congo. Son père qui pratique la magie, lui a attribué un "double maléfique" incarné par un porc-épic ainsi qu'un double tout court qui ressemble à un fantôme. Le porc-épic doit tout faire pour satisfaire son maître humain, tandis que le double se nourrit des mauvaises actions commises. Et son appétit insatiable entraine Kibandi dans une escalade vers le mal qui ne connait plus de limites ... Comment tout cela finira-t-il ?
Le porc épic, héros de l'histoire, se confie à un baobab géant pour soulager une conscience bien lourdement chargée. Il raconte comment sur ordre de son maitre, il tue régulièrement ceux qui l'ont contrarié ou vexé. Même les personnes les plus innocentes y passent, prises dans les rouages de la vengeance.

Mêlant croyances africaines ancestrales, raisonnements pragmatiques, causticité des réflexions sur les travers humains et références à la littérature mondiale, Mabanckou nous plonge dans un univers proche à la fois de la fable philosophique et du conte africain.
Comme l'homme qu'il soit européen ou africain (ou autre!), le porc-épic ne se révolte pas contre son maitre car le poids de la tradition et des croyances l'en empêche ...
Un sujet original servi par un style non moins original où seule la virgule ponctue le texte. A lire pour sourire et s'approprier une réflexion universelle sur les hommes et l'obéissance.
A lire après "Verre cassé" car "Mémoires de porc-épic" en est la suite.J'ai commencé par la fin, zut.
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samedi 17 mai 2014

Amkoullel, l'enfant peul de Amadou Hampâté Bâ

Livre de poche, 2010 (1ère parution 1991 chez Actes Sud), 442 p., 7€
Amadou Hampâté Bâ est un conteur/ethnologue malien, né "vers" 1900 à Bandiagara et décédé en 1991 à Abidjan, Côte d'Ivoire.
Dans ce roman autobiographique, il nous entraine à sa suite dans l'Afrique de l'Ouest du début du 20e siècle et plus précisément, dans la région qui est aujourd'hui le Mali.
Plongée, immersion, on l'appellera comme on veut mais le charme a totalement opéré sur moi et je me suis laissée imprégner de ce monde tour à tour coloré, imagé, pittoresque mais aussi injuste et cruel ... Et puis, comment ne pas succomber au plaisir de lire en page 53 l'adage malien : "Tout ce que nous sommes et tout ce que nous avons, nous le devons une fois seulement à notre père, mais deux fois à notre mère" ;o)
AHB possédait une mémoire hors du commun et toute description chez lui est précise. Il se souvient des moindres détails, des couleurs, des odeurs, des faits et gestes de chacun, grâce, précise-t-il, à l'école coranique où l'enseignement développait la mémorisation orale des versets du coran dès le plus jeune âge.
Le récit, touffu et quelque peu indigeste dans le premier chapitre car il porte sur  la généalogie de sa famille et les rivalités de clan, s'éclaire dès qu'on passe aux souvenirs personnels de l'auteur, à partir de 7 ans quand il commence à aller à l'école coranique.
Vous saurez tout sur les habits, les cases, la façon de procéder pour obtenir une autorisation auprès des responsables officiels, les relations entre les "blancs-blancs" et les "blancs-noirs", le rôle du chapeau colonial, les plats, les transports, la circoncision, les associations de jeunes ("waaldé") etc.
Ce roman est une source infinie de connaissances que le style imagé et humoristique du conteur rend passionnante.
Au goût du détail, AHB allie le bon sens du conteur africain ainsi qu'une philosophie humaniste. Et il ne garde que le meilleur des principes religieux islamiques ...
Mais le récit ne s'arrête pas au pittoresque, il évoque aussi la cohabitation et l'exploitation des noirs par les "peaux-allumées" ou "gobeurs d’œuf" comme étaient surnommés les français coloniaux. La marche forcée vers l'acquisition de la langue française, l'occidentalisation au mépris de la culture africaine, les humiliations quotidiennes et les mauvais traitements, le travail obligatoire, l'enrôlement des fils de chefs pour les former et les faire travailler dans l'administration française et le règne des "petits chefs". Bref la colonisation dans tout son aveuglement, sa cruauté et son injustice.
Il faudrait plusieurs pages pour rendre compte de façon précise du roman.
Un vrai coup de cœur. N'hésitez pas à survoler le premier chapitre si vous vous ennuyez, c'est le moins sympa (quand même utile pour mieux situer l'auteur et sa famille) !
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mercredi 7 mai 2014

Les trois soeurs et le dictateur d'Elise Fontenaille

Editions du Rouergue, coll. doado, 71 p., 2014, 8,70€
Saviez vous que la République Dominicaine et Haïti se partagent la même île, Hispaniola, en mer des Caraïbes ?
Saviez vous que ces deux pays ont connu de terribles dictatures ?
Saviez vous que la journée du 25 novembre a été déclarée "journée mondiale de lutte contre la violence faite aux femmes" ?
Saviez vous que c'est en l'honneur de 3 sœurs, les sœurs Mirabal, originaires de la République Dominicaine, victimes du dictateur Trujillo ?
Un roman petit par le nombre de pages mais grand par ce qu'il nous apprend car il fourmille d'informations précieuses.
Mina vit en Californie. Accueillie par son cousin en République Dominicaine, pendant les vacances, elle découvre le pays dont son père est originaire et dont il ne parle jamais. Son cousin lui fait rencontrer Adela, une vieille dame qui lui révèle le destin de ses 3 sœurs : la belle Minerva, justement la grand mère de Mina, Patria et Maria-Teresa.
Mina découvre alors que l'histoire de sa famille croise l'Histoire avec un grand H.
Servi par un style limpide, le roman aborde le thème de la dictature et celui de la violence faite aux femmes en se basant sur des faits réels. Autant dire qu'il est indispensable pour sensibiliser les ados en CDI et pas que ! Une belle lecture, dès 12 ans.
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