Bienvenue à tous ceux qui aiment lire ...

Lire, pour moi, c'est échapper au quotidien tout en restant proche des hommes et de leurs réalités ...

vendredi 24 janvier 2014

Pessah 5711 de Gil Ben Aych

Ecole des Loisirs, coll. Neuf, 2013, 93 p., 8,50€
Gil Ben Aych raconte la fête juive de Pessah (Pâques) dans sa famille, en Algérie dans les années 50 jusqu'à nos jours, en France.
Au fil d'un récit en boucle, sont expliqués le calendrier hébraïque, le rituel autour de Pessah, pourquoi on mange certains plats, pourquoi on dit certaines prières et chants. Et l'histoire religieuse vient éclairer les pratiques et les symboles.
Tout cela prend vie à travers les commentaires et anecdotes familiales. L'humour ne manque pas et on n'oubliera pas comment l'auteur entama à l'âge de 3 ans une grève de la faim exigeant son pain au lieu du pain azyme rituel, comment son grand père maternel ordonna qu'on lui donne du pain levé et comment cela fit scandale dans la famille et la communauté juive de Tlemcen.
La disparition des grands parents, le retour périodique des rituels et leur simplification par les plus jeunes nous rappellent la fuite du temps, essence de la condition humaine ... Ne pas oublier d'être tolérant, ne pas oublier ses origines, ne pas oublier ce que l'on est, ne pas oublier que nous finissons tous par mourir ... Un récit plein d'humanité, pas si simple qu'il y parait.
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mardi 21 janvier 2014

Alger la noire de Maurice Attia

Editions Actes Sud, coll. Babel noir, 2006, 392 p., 9€70
Au printemps 1962, Alger s'embrase entre les attentats du FLN, les représailles sanglantes de l'OAS,  les barbouzes de De Gaulle et les autorités qui ne savent plus où donner de la tête. Le quartier populaire de Bab El Oued tremble et se révolte tandis que l'exil des pieds noirs commence ...
Paco Martinez, flic intègre d'origine espagnole, essaie envers et contre tout de mener l'enquête sur l'assassinat d'un jeune couple mixte, lui arabe et elle de la bourgeoisie française. Soutenu par son chef, Choukroun, aidé par Irène sa maitresse indépendante et sensuelle, il va remonter les fils bien embrouillés d'une sombre histoire au fil de laquelle les morts se succèdent ...
Rien n'arrête Paco, hanté par le souvenir de ses parents, père anarchiste espagnol et mère disparue. Un vide qu'il ne réussit pas à combler malgré toute l'affection de sa vieille grand-mère qui l'a élevé. Culpabilité et lassitude mènent ce personnage tourmenté qui sacrifie tout à ses enquêtes.
On vit ces moments d'histoire, entièrement vus du côté pied noir mais sans aigreur et sans désir de vengeance.
Les aventures continuent dans un deuxième tome "Pointe Rouge", aussi captivant que le premier, avec mai 68 en toile de fond et dans un troisième tome "Paris blues" qui nous emmène à la fac de Vincennes dans le milieu maoïste des années 70. On aura compris, à la fin de la trilogie policière, que tous les extrémismes quels qu'ils soient, mènent les hommes à leur perte. Méfiance !
Le mélange de portraits psychologiques subtils et d'histoire contemporaine bien  documentée fonctionne à merveille et s'allie à l'intrigue pour tenir le lecteur en haleine. Le style fluide permet une lecture facile.
Récits pimentés de quelques passages érotiques bien tournés et agréables. Un bonbon ;o)

Merci Ghislaine de m'avoir fait découvrir cette trilogie !
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mercredi 15 janvier 2014

Lumières de Pointe-Noire d'Alain Mabanckou

Ed. Seuil, coll. Fiction & Cie, 2013, 281 p., 19,50€
Que se passe-t-il quand, après 23 ans d'absence, on retourne dans son pays natal, le Congo Brazzaville ? Quand on n'est allé ni à l'enterrement de sa mère ni à l'enterrement de son père adoptif ? Quand on est devenu un écrivain célèbre et que tout le monde le sait ? Quand, chaque jour, on vit avec tellement plus que chaque membre de sa famille ?
Beau récit, empreint de tendresse et de tristesse parfois aussi. L'auteur fait le tour de sa parentèle et des anciens amis de ses parents, alors qu'il séjourne dans une résidence d'artiste à Pointe-Noire.
Les souvenirs affluent, reviennent aussi les anciennes croyances, les superstitions, les terreurs irraisonnées, les contes du passé, les explications poétiques et métaphoriques qui pèsent lourd sur le quotidien ... On est pris par cette ambiance lourde, foisonnante.
Les gens vivent avec peu mais sont heureux des petites choses quotidiennes, des moments simples partagés, ils sont chaleureux. Et ils n'ont pas à lutter quotidiennement pour garder leur dignité, ce que beaucoup d'immigrés doivent faire, souvent sans succès ...
Très beau chapitre : "les enfants du paradis".
A lire absolument pour capter un petit quelque chose de l'Afrique.
Du même auteur, entre autres, "Mémoires de porc-épic", prix Renaudot 2006.
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