Bienvenue à tous ceux qui aiment lire ...

Lire, pour moi, c'est échapper au quotidien tout en restant proche des hommes et de leurs réalités ...

vendredi 22 mars 2013

La nuit tombée d'Antoine Choplin

La fosse aux ours, 2012, 16€, 121 p.
Gouri revient sur les lieux de son ancienne vie, quand la centrale nucléaire de Tchernobyl n'avait pas encore contaminé toute la région, maintenant interdite et déserte.
Il désire aller à Pripiat, ville totalement abandonnée, pour récupérer dans son ancien appartement, la porte de la chambre de sa fille où il avait gravé sa taille à chaque anniversaire ... Ksénia est gravement malade.

A la description des environs désolés, abandonnés des humains, dévastés par les pillards, répondent en écho les vies brisées et reconstruites tant bien que mal de tous ceux qui ont dû partir en laissant là une part d'eux mêmes, leurs souvenirs, ce qu'ils avaient bâti. Poignant.
C'est un très beau roman, empreint de simplicité et d'émotion. Les phrases courtes rythment un récit au présent, sans chichis, sans sophistication, riche en sentiment brut, qui montre à petites touches la vie quotidienne, les détails du désespoir, la nature en souffrance ... heureusement, restent encore la générosité et la solidarité des anciens habitants.
Malgré un sujet bien lourd, l'auteur nous offre de l'émotion sans pathos, de la belle émotion.
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mardi 19 mars 2013

Vida de Patricia Engel

trad. Marie de Prémonville, livre de poche, 2010, 6€10, 185 p.

Livre sélectionné pour le prix des lecteurs du livre de poche 2013.
Les parents de Sabina ont émigré de Colombie et sont venus s'installer en Floride.
A l'école, les enfants appelaient Sabina "l'indienne" ou "chocolat". Période révolue, elle se sent américaine à tel point que, quand la famille retourne en Colombie, elle n'a qu'une hâte c'est d'en repartir.
Sa jeunesse ressemble à la jeunesse d'une américaine type, sorties, petits copains puis petits boulots.
Elle croise Vida, une colombienne arrivée aux USA par le biais de la prostitution et qui s'en est sortie comme elle a pu. Vida a déjà vécu cent vies et rêve de retourner chez ses parents en Colombie, pour échapper à ce passé qui la dévaste. Ce rêve, rentrer en Colombie, la maintient en vie comme son prénom "Vida" le suggère !
Sabina, elle, parait déjà fatiguée de vivre, revenue de tout et sans attente particulière vis à vis des autres. Les petits copains se succèdent ainsi que désillusions et échecs.
Ce manque d'enthousiasme, cet abandon au sort du personnage principal m'ont pesé mais ils sont le reflet d'une jeunesse désemparée.
Une lecture néanmoins intéressante. 
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Silhouette de Jean-Claude Mourlevat

Gallimard, coll. Scripto, 220 p., 9€, 2013
Très joli recueil de nouvelles principalement "à chute", toutes bien cruelles et bien noires, avec parfois une pointe d'humour ou de tendresse. Mais vraiment une pointe !
Dans la tradition des nouvelles à la Roald Dahl, toutes finissent mal ou sur un sentiment désagréable et célèbrent ainsi la dureté de la destinée humaine tout en soulignant la bassesse d'âme de certains …
Naufrage de la vieillesse, haine et vengeance, humiliations diverses, remords, folie de la violence …
Ceux qui cherchent du réconfort devront passer leur chemin !
En expert de l'âme humaine, JC Mourlevat sait que cette vision amère de l'homme servira égoïstement à ses lecteurs pour se rassurer sur eux mêmes. Les retournements de situation s'y ajouteront pour rendre la lecture aussi délectable qu'une tasse de thé accompagnée de shortbreads. 
Au jeu de “quelle nouvelle as tu préféré ?”, je réponds : “Ouessant”, pour moi sans conteste la plus dure. Qu'y a-t-il de pire, pour un enfant que de voir son père traité de bon à rien et d'être obligé de constater par la suite que ce père n'a effectivement rien réussi dans sa vie ? Terrible.
Recueil édité en jeunesse mais tout public. A ne pas lire trop jeune car les chutes sont parfois assez subtiles.
Encore une lecture conseillée par Olivier, merci !
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dimanche 17 mars 2013

Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire de Jonas Jonasson

trad. Caroline Berg, poche pocket, 2012, 7,70

Cet article a été rédigé par Annie, ma mère, grande lectrice et enthousiaste à propos 
de ce roman !  
Merci à elle qui sait si bien partager les bonnes choses ;o)
Alors dès que j'ai le temps, je le dévore ...

Un livre original, au grand pouvoir d'évasion par son sujet et son exposition.
Deux volets concernant le principal personnage, Allan Karlsson :
  • une histoire actuelle, rocambolesque, type polar (à la suite de son évasion de sa maison de retraite, par la fenêtre de sa chambre, le jour anniversaire de ses 100 ans !)
  • des histoires picaresques -quasiment délirantes- à travers l'Histoire avec un grand H, vécues tout au long de sa vie par étapes chronologiques et liées à ses qualités d'artificier émérite qui l'amèneront à côtoyer les grands de ce monde
On ne s'ennuie pas, le style est adapté au texte. Peut être, tout petit bémol, une fin un peu longuette.
Le livre m'a plu aussi parce qu'il m'a fait rire.

mardi 12 mars 2013

L'obscure mémoire des armes de Ramon Diaz-Eterovic

Ed. Métailié, coll. Noir, trad. Bertille Hausberg, 2011, 278 p., 19€
J'ai retrouvé avec grand plaisir Heredia, le privé désabusé et son chat Simenon (avec lequel il devise en buvant du whisky) que j'avais rencontrés dans deux autres polars : ici et .
Ramon Diaz-Eterovic explore une fois encore le passé récent de son pays, le Chili, et dénonce cette fois, la protection dont bénéficient les militaires qui ont commis les pires exactions pendant la dictature du Général Pinochet. Un passé qui hante ceux qui en furent victimes, ceux qui aujourd'hui s'organisent pour que justice soit enfin rendue ...
Sous prétexte qu'il faut "regarder vers le futur et que personne ne veut plus entendre parler de tout ça", que "les responsabilités sont partagées", faut il oublier ? Oublier la sinistre villa Grimaldi où furent perpétrées les pires tortures, où disparurent plusieurs milliers de personnes ? Oublier que les assassins vivent au milieu de tous comme des citoyens respectables ?
Heredia qui se place du côté des victimes, sait que :
"- Certains pensent que les militaires ont changé ces dernières années.
- Ils se taisent et nous saluent courtoisement mais ils peuvent de nouveau montrer les dents dans l'avenir. Je n'ai pas confiance en eux. Ils sont dressés à maintenir l'ordre des puissants. Notre histoire est pleine d'exemples qui confirment mes paroles.
- A vous entendre, on dirait que vous leur gardez rancune.
- Je m'en méfie, Anselmo. Une fois déjà, ils ont foutu notre vie en l'air et ça, je ne l'oublie pas."
Le roman est émaillé de citations de poètes et de romanciers, les dialogues sont acérés et tranchants en contrepoints à la lassitude d'Heredia. Lui à qui seul l'amour donne encore le goût de vivre.
Un récit paradoxalement "punchy" pour un héros attachant mais bien las de la nature humaine.
Il faut lire absolument ce beau roman policier pour mieux connaitre le Chili d'aujourd'hui. Ramon Diaz Eterovic au sommet de son art !
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mardi 5 mars 2013

Paul à Quebec de Michel Rabagliati

Les éditions de la pastèque, 2011, 187p., 21,85€
Il se dégage à la lecture de cette bande dessinée une impression de simplicité, portée par le dessin net, en noir et blanc et en vignettes très régulières. Le récit semble réduit à de petits détails de la vie et c'est justement cela que veut nous transmettre l'auteur. La vie se compose de petites choses qui font de grandes émotions ...
L'histoire se résume en une phrase : la femme de Paul, originaire du Québec, retourne régulièrement voir ses proches jusqu'au jour où son père tombe malade, la famille accompagne alors le vieil homme pendant ses derniers mois de vie, entourant d'affection celui qui les a toujours aimés et aidés.
Le découpage en chapitres s'appuie sur les repères temporels : année, puis mois, puis vers la fin de vie, jours, puisque tout s'accélère.
De détails en petites choses, l'auteur découvre pour nous les expressions québecoises, les plats typiques, la façon de vivre, les lieux. Sans qu'on y prenne garde, il y mêle l'affection entre les proches, les conflits aussi, le bonheur de se retrouver en famille sans chichis, les souvenirs en commun ...
Un joli moment où la vie nous rattrape en nous racontant ce qui, un jour, nous arrivera ou nous est arrivé ! Du personnel à l'universel.
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