Bienvenue à tous ceux qui aiment lire ...

Lire, pour moi, c'est échapper au quotidien tout en restant proche des hommes et de leurs réalités ...

lundi 9 décembre 2013

De l'autre côté de l'île d'Allegra Goodman

Trad. Jean Esch, Ed. Thierry Magnier, coll. roman, 2013, 11€
J'ai bien aimé cette "dystopie" basée sur une catastrophe climatique et la survie problématique des humains.
Le roman pose l'éternelle question : au nom du bien, de la sécurité des personnes est il légitime d'imposer des conditions de vie et d'interdire de penser différemment ? La réponse, bien sûr, est non mais c'est par le cheminement d'Honor, une adolescente qui rêve de se fondre dans la masse, que le lecteur arrive à la réponse.
Les parents d'Honor sortent le soir alors que c'est interdit, lui apprennent des chants autres que ceux autorisés à l'école, regrettent le temps où il y avait des livres, sont pauvres et surtout, vont avoir un deuxième enfant, acte incivique majeur ... Honor se sent différente des autres alors qu'elle veut tellement ressembler aux élèves modèles bien habillées qui connaissent par cœur tous les textes de la "Mère Nourricière". "Mère Nourricière" qui prétend avoir mis la communauté à l'abri des intempéries.
Restera-t-elle fidèle à sa famille ou choisira-t-elle d'intégrer le groupe vers lequel tout la pousse et surtout l'école ?
Parallèlement au thème de la dictature, le roman développe celui de l'appartenance au groupe à tout prix, un thème important à l'âge de l'adolescence où il est difficile d'affirmer sa différence ...
Style simple et agréable, récit bien mené sans temps mort.
A avoir en CDI de collège, fin de 5e bons lecteurs et jusqu'en 3e.
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jeudi 21 novembre 2013

Le dernier Lapon d'Olivier Truc

2012, coll. Points, Ed. Métailié, 570 p., 8€20
Prix Quais du Polar 2013, Prix Mystère de la critique 2013
Voilà un roman dans la lignée des passionnants polars "ethnologiques" d'Arthur Upfield (le créateur du genre, enquêtes en pays aborigène australien) et de Tony Hillerman (qui s'en inspira pour ses polars en terre navajo).
Olivier Truc nous emmène au delà du cercle polaire arctique, aux confins de la Norvège, de la Suède et de la Finlande (merci à l'éditeur qui a mis une carte en début d'ouvrage). Nous voilà en pays "sami", chez Les lapons, à des milliers de kilomètres de chez nous.
Comme ses prédécesseurs, l'auteur appuie l'enquête de ses héros sur les détails de la vie quotidienne des Lapons : la pratique de leurs métiers, leurs lieux d'habitation, leur nourriture, leurs croyances. Et, très vite, il nous dévoile les contradictions entre vie traditionnelle et vie moderne, les difficultés économiques qui en découlent, l'avidité des prospecteurs miniers étrangers, la perte d'identité et l'alcoolisme, le racisme anti-lapon des norvégiens et autres nordiques ... Incroyablement documenté, y compris sur l'histoire de ce peuple, mais sans tomber dans une admiration béate, O.Truc nous montre les ravages du réchauffement climatique, de la course à la productivité dans une société où l'élevage des rennes représente le summum de la réussite sociale.
Klemet, lapon et Nina, blonde norvégienne, très différents et par là même complémentaires, patrouillent ensemble pour la Police des Rennes sur leurs motoneiges dans l'immense vidda (les terres gelées) ... Ils devront élucider le meurtre de Mattis, un jeune éleveur, comprendre pourquoi ses oreilles ont été tranchées et retrouver un tambour de chaman à la valeur inestimable pour les Lapons et les collectionneurs.
Nous sommes à la fin de la nuit polaire, le roman commence le jour le plus extraordinaire de
l'année : celui où "les hommes retrouvent leur ombre" et le soleil, le 10 janvier.
En tête de chapitre figure le nombre de minutes d'ensoleillement pour la journée : dépaysement  garanti !
 Il y a fort à parier que de futures enquêtes nous permettront de continuer à découvrir les "samis" aux côtés de Klemet et Nina. Tant mieux.
Un coup de cœur
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lundi 18 novembre 2013

L'esprit de l'ivresse de Loïc Merle

Actes Sud, 2013, 286 p., 21,50€
Malgré un sujet très intéressant, l'embrasement d'une cité déshéritée des environs de Paris,  je ne suis pas arrivée à entrer dans le roman.
Pour moi, le texte trop dense dans la forme (pas de dialogue, peu de paragraphes, peu de chapitres et un style très littéraire, avec de très beaux passages je reconnais) m'a découragée. Je me suis accrochée mais rien n'y a fait : j'ai dû sauter de nombreuses pages et finalement, n'ai pas réussi à me mettre au diapason.
Du coup, impossible d'en dire plus, ce serait une imposture ;o)
Pour les lecteurs qui aiment les textes très littéraires !

 L'esprit De L'ivresse de Loïc Merle

jeudi 14 novembre 2013

Les frères Sisters de Patrick de Witt

Trad. E. et P. Aronson, Actes Sud, coll. lettres anglo américaines, 354 p., 22€
Un roman original à la manière d'un western américain.
Le roman se situe au moment de la ruée vers l'or.
Eli et Charlie sont frères, ils volent, trompent et assassinent au fil des rencontres, pour s'enrichir, avec un seul principe en tête : toujours se défendre mutuellement et s'entraider. Et heureusement, car c'est uniquement grâce à cette forte solidarité qu'ils arrivent à s'en tirer ... à peu près indemnes.
Les voilà chargés par le richissime "Commodore" de retrouver Warm, l'inventeur d'une solution chimique extraordinaire qui permet de repérer l'or dans les eaux fluviales.
Fatigué d'errer, de tuer pour aider son frère à se dépatouiller des situations dangereuses dans lesquelles il se fourre invariablement, Eli, le rondouillard, n'aspire progressivement qu'à une vie pépère, un travail tranquille et rêve de fonder une petite famille.
Charlie qui a la gâchette facile, nie avoir tout état d'âmes.
Qui des deux arrivera à convaincre l'autre ?
Un bon moment de lecture, de l'humour, je verrai bien une adaptation au cinéma.
Merci à Olivier qui me l'a conseillé.
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dimanche 10 novembre 2013

Les autos tamponneuses de Stéphane Hoffmann

2011, 210 p., 6,60€
Sélection du prix des lecteurs du livre de poche 2013
Pierre, chef d'entreprise, a toujours beaucoup travaillé. Du jour au lendemain, parce qu'il se sent en décalage avec un monde des affaires qui a perdu toute humanité (mais en a-t-il jamais eu- est on tenté de demander) et le déçoit, il décide d'arrêter.
Cependant, la vie de sa femme, Hélène, s'en trouve aussitôt bouleversée et elle n'est pas prête à l'accepter sans y mettre son grain de sel ...
Beaucoup, beaucoup d'humour dans ce roman pas très tendre sur la vie de couple et ... sur tous les sujets abordés d'ailleurs, un humour vache et pince sans rire qui fait mouche. Mais il reste quand même de l'affection entre ces personnages qui disent avoir perdu toute illusion et n'attendre pas grand chose de la vie, de la société et des autres.
Pour rire et sourire cruellement hé hé hé
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samedi 19 octobre 2013

Le dos crawlé d' Eric Fottorino

Gallimard, 2011, 205 p., 16,90€
C'est frais, ça se lit comme on avale un grand verre de jus de fruit, les mots coulent tout seuls et l'émotion affleure souvent ...
Marin, 13 ans et Lisa, 10, passent ensemble leurs vacances d'été.
Les parents de Marin sont ... agriculteurs, ils l'envoient chez son oncle en Bretagne pour l'été. Les parents de Lisa sont entrain de se séparer, aucun n'a le souci de l'enfant et elle est laissée (ou plutôt abandonnée) tous les jours chez l'oncle de Marin qui la garde.
L'adolescent fait tout son possible pour la réconforter.  Et Mme Contini, la maman de la petite fille, est bien séduisante ...
Une initiation, à la vie, à l'amour et un regard peu amène sur les adultes aux quels on ne peut se fier.
Le style du roman m'a un peu rappelé "la vie devant soi" de Romain Gary.
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vendredi 11 octobre 2013

Il faisait chaud cet été là d'Agnès de Lestrade

Ed. du Rouergue, coll. doado, 2013, 61 p.
Blanche se souvient de l'été passé en Provence avec Violette, chez la grand-mère de cette dernière.
L'amitié des deux adolescentes de 14 ans s'est nouée pendant l'année scolaire au collège.
Mais pendant ces vacances, Blanche découvre la vraie Violette, entière, impulsive, dangereuse. Elle se sent aussi attirée par les garçons. Elle va regretter de s'être fiée aux apparences et comprendre qu'il faut du temps pour connaitre quelqu'un et lui faire confiance ...
Un très joli petit roman de seulement 61 pages qui se lit d'une traite, au style très agréable. Intrigue très bien menée et ton délicat pour un sujet loin d'être facile et néanmoins indispensable.
A conseiller en CDI, 4e/3e.
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samedi 5 octobre 2013

Sept jours à l'envers de Thomas Gornet

Ed. du Rouergue, coll. doado, 2013, 71 p., 8,70€
J'ai beaucoup aimé ce court roman pour la sensibilité qu'il dégage, le sujet traité et l'originalité de sa structure.
Comme son titre l'indique, le récit est un flash back sur une semaine, du dimanche au dimanche, un jour après l'autre.
Difficile de tout dévoiler car un des intérêts du roman est justement de mettre en place les pièces du puzzle en remontant dans le temps. Alors pèle mêle, il s'agit d'un décès, d'un ado, de son père et de sa mère, du chagrin et des petites choses du quotidien, de la souffrance à voir les gens qu'on aime souffrir, de la vie qui continue et des efforts qu'il faut faire pour s'y accrocher, pour aider ceux qui restent.
Sujet difficile que Thomas Gornet traite délicatement, avec beaucoup de sincérité et en se mettant à la portée des adolescents. Le format court donne de la force au récit ainsi que l'alternance de moments dialogués et de moments plus introspectifs.
Un très beau roman à avoir dans un CDI. Pour les élèves de 3e et bien au-delà.
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Certaines n'avaient jamais vu la mer de Julie Otsuka

trad. Carine Chichereau, éd. Phébus, 2012, 142 p.
Très beau roman sur les japonaises mariées par correspondance avec des compatriotes vivant en Californie, au début du 20e siècle. Le roman évoque aussi la déportation massive des Japonais après l'attaque de Pearl Harbour.
Des voix de femmes multiples s'entremêlent pour dire la peur de l'inconnu, la traversée en bateau dans de mauvaises conditions, la douleur de laisser sa famille au Japon, la déception devant des maris frustes, pauvres, bien moins beaux et jeunes que sur les photos envoyées, la dureté de leurs conditions de vie, le labeur et l'exploitation, le malheur de ne pas parler l'anglais, les enfants qui renient leurs origines ... jusqu'à l'indifférence quand les familles japonaises sont déportées, après Pearl Harbour.
Ces voix s'élèvent, différentes mais sœurs, poignantes et incantatoires. C'est tout le malheur des exilées, femmes et étrangères, raconté dans un style simple et poétique à la fois.
Julie Otsuka est américaine d'origine japonaise, elle vit à New York. Son propre grand-père a été arrêté par le FBI au lendemain de Pearl Harbor et sa famille internée pendant trois ans au camp Topaz, dans l’Utah.
A lire absolument ! Pour moi, c'est un coup de cœur.
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dimanche 29 septembre 2013

La librairie Tanabe de Miyabe Miyuki

trad. Annick Laurent, Ed. Picquier Poche, 1999, 7,60€
Recueil de cinq courtes nouvelles policières.
Les enquêtes sont menées par M. Iwa et son "bon à rien de petit fils", Minoru, qui l'aide régulièrement à la librairie. Les relations entre le grand-père et son petit-fils, peu conventionnelles et toujours imprégnées d'affection, sont tordantes et pleines d'humour.
Retraité alerte et actif, M. Iwa a repris la librairie par fidélité à la mémoire d'un ami décédé et il voit ainsi beaucoup de monde. Sa sagacité et sa perspicacité naturelles lui attirent les confidences de ses clients qu'il aide volontiers à résoudre leurs difficultés.
Chaque enquête est l'occasion d'une réflexion philosophique sur la vie ...
Chaque enquête présente un lien avec les livres : une victime a caché un objet important dans un livre, un criminel s'inspire d'un roman pour commettre ses forfaits, M. Iwa trouve la solution en relisant un ancien conte pour enfant etc.
Courts récits délicats et très japonais : les sentiments ne sont jamais exprimés tels quels mais suggérés !
Un petit régal qui dépayse.
Merci à Marie M. qui me l'a conseillé ;o)
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samedi 28 septembre 2013

Coeur salé de Cathy Cassidy

trad. Anne Guitton, Nathan, collection Grand Format, 2013, 100 p., 8€
Bon, allez, un petit roman un peu niais pour les fifilles, de temps en temps, on a le droit de craquer !
Là, il s'agit d'une série : "les filles au chocolat" qui compte 4 autres tomes déjà parus. Rien que les titres, je sens que vous allez ADORER : cœur cerise, cœur guimauve, cœur mandarine et
cœur coco ... tout un programme.
Pas grand chose à en dire mais ce n'est pas trop mal écrit, les personnages sont bien sages et même la méchante a du cœur ... forcément .
Aucune crainte qu'il y ait quelque chose de dérangeant dans le roman, aucune surprise non plus d'ailleurs, hélas.
Une lecture certes loin d'être indispensable. Elle peut cependant accrocher des adolescentes qui n'aiment pas trop lire et qui seront attirées par la couverture. C'était sûrement le pari de l'éditeur ...
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vendredi 20 septembre 2013

L'art du jeu de Chad Harbach

Sélection prix du livre de poche 2013
trad. D.Defert, 2012, 694 p., 8,10€
En préambule à tout commentaire, je signale que ce roman ravira les amateurs de baseball. Entrainement, techniques de jeu, ambiance d'équipe, rôle du coach, hygiène de vie, financements, carrières pro ... tout y est ! Mais justement, si on n'est pas amateur soi même ou très sportif, cela ennuie un peu à la longue alors j'avoue que j'ai souvent lu en diagonale.
Ce roman reste un bon roman cependant, riche de portraits étoffés, de descriptions de la vie étudiante sur le campus de Westish College (dans le Wisconsin, au bord du lac Michigan) et des mentalités américaines.
A mettre en perspective avec deux autres romans de la Sélection du prix livre de poche 2013, qui traitent aussi de la vie sur un campus américain : "les débutantes" de J. Courtney Sullivan (axé sur les étudiantes) et celui de Laura Kasischke, "les revenants".

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mercredi 11 septembre 2013

Les débutantes de J. Courtney Sullivan

Sélection pour le jury des lecteurs du livre de poche 2013
trad. Frédéric Colley et Anne-Laure Paulmont, 2012, 546 p., 8,30€
Bree, Célia, April et Sally font connaissance lors de leur arrivée à l'université de Smith, réservée aux femmes. Elles sont voisines de chambre et malgré leurs multiples différences, une amitié profonde va les unir à jamais.
Bree, la "barbie" du groupe, vient du sud des USA, d'une famille trop conformiste mais aimante ;  Sally jouit d'une fortune importante mais a perdu sa mère quand elle était ado et ne rêve que de fonder une famille ; April, féministe militante et passionnée, doit travailler pour financer ses études et ne compte sur aucun soutien familial ; Célia, indépendante et peu sure d'elle, n'arrive pas à développer des relations stables avec les hommes.
Le roman offre une description très intéressante et très humoristique de la vie sur le campus prestigieux de Smith College (une des meilleures universités en sciences humaines des USA), soulignant le fossé existant entre les pratiques des étudiantes et leur comportement dès qu'elles en partent : finie la liberté sexuelle, les nuits de fête, les beuveries, les excentricités autorisées et même prônées, les opinions politiques extrêmes ! Autant leur vie d'étudiante est débridée autant leur vie de femme sera rangée.
Plus qu'une ode à l'amitié, le roman nous fait partager, avec humour, les tâtonnements, les questionnements intérieurs des filles, leur évolution et leur maturation. Comment les femmes trouvent elles leur place dans la société, entre liberté et contraintes ? Passionnant, attachant et universel.
Ce roman est une mine d'information sur la société américaine au même titre qu'une des séries qui font maintenant la richesse de la création télévisuelle dans ce pays.
A lire !

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mercredi 28 août 2013

L'île des oubliés de Victoria Hislop

livre de poche, 2012, 519 p., 7€90
Sélection du prix des lecteurs du livre de poche 2013
Voilà un beau roman sur le thème de l'exclusion !!!!
Très classique par son style et par son schéma narratif mais intéressant de bout en bout et finalement, étonnant.
Cela se passe dans l'entre deux guerres et jusque dans les années 50, l'auteure nous conte le sort des lépreux crétois et grecs, mis en quarantaine sur l'île de Spinalonga (en Crête).
Exilés, livrés à leur sort, oubliés de tous, honteux, mal soignés (un seul médecin, 3 fois par semaine), ils finissent par s'auto gérer et ne s'en sortent pas si mal car ils s'entraident et se soutiennent.
L'arrivée de lépreux de familles bourgeoises, ingénieurs, médecin et avocats, ayant des relations haut placées, va favoriser l'amélioration de leurs conditions de vie (installation de l'électricité, eau courante ainsi que construction de logements neufs et rénovation des anciens).
Parmi eux, une femme médecin, contaminée, améliorera le sort des malades. En même temps, deux médecins crétois aideront à trouver un traitement tout en veillant sur les malades.
Ce qui m'a le plus intéressée dans le roman, c'est la description précise des mentalités qui correspond totalement à l'époque, sans interférence de notre point de vue actuel : les malades ont honte de la lèpre alors qu'ils n'en sont pas responsables, ils respectent à la lettre les conventions sociales même si elles sont ineptes, sont soumis au quand dira-t-on, acceptent les injustices ... et, du coup, l'auteur à travers leur point de vue, brosse un tableau passionnant et réaliste du début du 20e siècle.
Sans prendre ouvertement parti, sans s'indigner, elle pointe les injustices et par ce procédé réussit à mettre en exergue la souffrance humaine. Et l'évolution des mentalités.
Ouf pense-t-on à la fin de la lecture, cette époque est révolue.
Hélas non : la lèpre persiste en Inde, en Afrique et ailleurs ... et l'exclusion existe sous tellement de formes !
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mercredi 7 août 2013

Grâce de Delphine Bertholon

Sélection du prix des lecteurs du livre de poche 2013, 2012, 304 p., 6,90€
Un couple qui se sépare, de la violence, des enfants qui souffrent, un secret de famille que des phénomènes étranges et inexpliqués viennent raviver, voilà les ingrédients de ce roman très intimiste et psychologique.
Nathan dont la femme est morte 6 ans plus tôt en donnant naissance à des jumeaux, cherche toujours son équilibre. Il décide d'aller voir sa mère, Grâce, qui vit seule et retrouve, chez elle, Lise sa sœur. Au fil de leur séjour, les souvenirs d'enfance affluent et la maison les oppresse, ils sentent qu'elle recèle un secret dont leur mère et leur père qui est parti en les abandonnant, sont le centre.
Ce récit à deux voix : le journal intime de Grâce et le récit de Nathan, nous plonge dans une ambiance épaisse, glauque mais parfois aussi tendre, heureusement !
Pour les amateurs de récit psychologique, moi j'ai bien aimé.
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L'armoire des robes oubliées de Riikka Pulkkinen

selection prix du Livre de Poche 2013
Trad. Claire Saint-Germain, 2012, 422 p., 7,60€
Interminable comme un hiver finlandais ... ce roman m'a laissée de glace.
Et l'ennui a eu raison de ma lecture qui s'est terminée à la page 142 !



lundi 5 août 2013

Rendez vous d'amour dans un pays en guerre de Luis Sepulveda

trad. François Gaudry, éd. Métailié, 1997, 223 p., 6,84€
Un recueil de nouvelles où j'ai retrouvé avec un infini plaisir Luis Sepulveda, son style, son intérêt pour le monde des hommes, les évènements qui ont marqué son pays et les "ogres", c'est à dire, les personnalités hors normes.
Tantôt humoristiques, tantôt tragiques, tantôt étranges, ces nouvelles offrent un beau panorama de la destinée humaine et des tours que nous joue en permanence la vie à travers ces petits détails qui bouleversent tous nos projets ou attentes ...
J'ai eu un coup de cœur pour "Histoire d'amour sans paroles", émouvante.
Attention, contrairement à ce que le titre peut laisser penser, il n'y a pas que des histoires d'amour dans ce recueil. Un bon moment de lecture !
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dimanche 4 août 2013

La femme du tigre de Téa Obreht

Sélection du prix des lecteurs du Livre de Poche 2013
trad de l'anglais Marie Boudewyn, 2011, 426 p., 7,10€
Ben, je me suis complètement perdue dans ce mystérieux pays des Balkans et les méandres de ses contes populaires ... et j'ai abandonné ! Trop métaphorique et trop dispersé pour moi !
Mais le roman peut surement plaire, il a de belles qualités.


Les morues de Titiou Lecoq

Sélection du prix des lecteurs du livre de poche 2013
2011,403 p., 7,10€
Trois copines, trois parisiennes branchées qui s'auto baptisent "les morues", se veulent libérées et indépendantes et prétendent vivre selon une charte féministe élaborée en commun.
Une de leurs copines, Charlotte, qui meurt de façon étrange et inexplicable.
Une enquête dont on s'ingénie à brouiller les pistes.
Fred, un looser magnifique.
Voilà la toile de fond de ce roman dont je pensais qu'il ne me plairait absolument pas, vu la première de couverture racoleuse. Contre toute attente, il m'a agréablement surprise, malgré son côté hyper branché, par la dénonciation au vitriol de la RGPP (Réforme Générale des Politiques Publiques).
A lire, rien que pour comprendre comment en réduisant drastiquement les moyens alloués aux services publics, l'état essaie de convaincre les français que les dits services publics fonctionnent mal. Formulé ainsi on dirait une absurdité. Rassurez vous, c'en est une. Hélas, nous en subissons les dégâts depuis quelques années déjà !!!!
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mercredi 31 juillet 2013

La petite cloche au son grêle de Paul Vacca

Sélectionné pour le prix des lecteurs du Livre de Poche 2013
Livre de poche, 2008, 5,80€
C'est un roman qui se présente sous forme de tranches de vie, de scènes parfois émouvantes, parfois amusantes, toujours assez courtes et visuelles. Il se lit aisément, un peu comme on regarderait un bon film ...
C'est un roman à la gloire d'une mère, une mère à la Romain Gary ou à la Albert Cohen, qui a une confiance inébranlable en son fils et le sait voué à un grand avenir. Dès lors, tous ceux qui ne voient pas ses qualités "évidentes" sont, sans aucun doute, des imbéciles ;o)

C'est un roman où Proust joue un rôle prépondérant dans une famille que rien ne prédisposait à cette rencontre.
J'ai tout simplement été prise par les sentiments.
On verse sa tit'larme de temps en temps ... mais le dosage reste juste et ne devient jamais "lourd".
Elu "livre de l'année" par Biblioblog en 2008.
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vendredi 5 juillet 2013

Heather Mallender a disparu de Robert Goddard

Sélection du prix des lecteurs du Livre de poche 2013
1990, trad de l'anglais Catherine Orsot-Cochard, 714 p., 8,60€
Les polars que je préfère sont ceux qui offrent une toile de fond riche, qu'elle soit ethnique, sociale, politique ou autre.
Celui-ci n'en a pas, on suit les personnages, toujours les personnages, uniquement les personnages et c'est finalement dans leur univers restreint que le roman nous fait évoluer.
Un polar bien mené mais qui ne m'a pas beaucoup intéressée.
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samedi 29 juin 2013

Persécution d'Alessandro Piperno

Sélection du prix des lecteurs du Livre de poche 2013
trad de l'italien Fanchita Gonzalez Batlle, 2010, 7,90€,498 p.
Les personnages ne m'ont pas intéressée, je ne suis pas entrée dans l'histoire et j'ai eu l'impression de lire du blabla ... Alors, j'ai refermé ce roman et l'ai rangé sur une étagère, au purgatoire ;o)
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vendredi 21 juin 2013

Seul l'avenir le dira de Jeffrey Archer

Selection du prix des lecteurs du Livre de Poche 2013
trad. Georges-Michel Sarotte, 2011, 542 p., 8€10
Les uns sont beaux, intelligents, intègres, travailleurs mais pauvres. Les autres moins beaux, moins intelligents, moins travailleurs mais très riches et parfois perfides. Leurs valeurs communes : l'amitié et l'honneur de leur famille ...
Voilà un monde un peu trop caricatural qu'habitent des héros ou bisounours ou machiavéliques !
On fait ce qu'on peut, on essaie d'y croire et on a quand même envie de savoir ce qui leur arrive. Mais au fond, le cœur n'y est pas et la dernière page tournée, on s'empresse de tout oublier de ce roman à l'emporte-pièce qui hésite entre guimauve et drame social.
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La fille tombée du ciel de Heidi W.Durrow

trad. Marie de Prémonville, livre de poche, 2011, 283 p., 6€60
Sélectionné pour le prix des lecteurs du Livre de Poche 2013
Il m'a fallu un peu de temps pour entrer dans ce court roman intimiste qui se situe au début des années 80.
L'héroïne, Rachel, est métisse aux yeux bleus, de mère danoise et de père américain. Noir américain.
Quand Roger a commencé à boire plus que de raison, quand il a mis le feu à la maison et que son fils aîné en est mort, sa femme, la mère de Rachel, l'a quitté. Mais elle n'a pas de chance et son nouvel ami, lui aussi, s'adonne à la boisson ... Comment faire pour protéger ses enfants ?
Rachel va mettre longtemps à comprendre la décision de sa mère et celle de son père, elle va découvrir dans la douleur qu'elle est noire, qu'il n'est pas facile à une femme noire de se construire un avenir, elle va rejeter les choix de sa grand mère, va découvrir l'amour et le sexe et, de petite fille modèle, va devenir femme.
Le passage à l'âge adulte d'une enfant malmenée par la vie qui cherche à construire ses propres repères. Très beau.
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jeudi 13 juin 2013

Le Turquetto de Metin Arditi

Actes Sud, 2011, 19,50€, 290 p.
Intéressante histoire que celle de ce jeune juif de Constantinople, né en 1519, dans une ville alors entièrement musulmane.
Son père, employé du marché aux esclaves (un des quelques métiers autorisés aux juifs),  meurt  et Elie, désormais seul au monde, passionné de dessin mais à qui sa religion en interdit totalement la pratique, décide de s'enfuir à Venise.
Là, protégé par son anonymat, il commence une nouvelle vie et étudie la peinture librement en se faisant passer pour  un grec venant de Turquie. Ce qui lui vaut le surnom de "Turquetto".
Il peint dans l'atelier du Titien, épouse la fille simplette d'un riche notaire vénitien grâce à qui il obtient des commandes, devient célèbre, riche, ouvre ses propres ateliers et travaille sans discontinuer pour les particuliers et l'église.
Cachant soigneusement sa judaïté, il est cependant heureux puisqu'il peint, jusqu'au jour où il prend une maîtresse juive ...
Metin Arditi réussit une description vivante de Venise au 16e siècle, antisémitisme, pauvreté du peuple, arbitraire et toute puissance de l'église catholique, rivalités et embrouilles politiques d'un côté ... de l'autre, amour de l'art, désir d'épanouissement, de survie des êtres humains dans leur superbe diversité.
Le style très fluide porte le roman et l'histoire de ce peintre passionné, histoire qui parait tellement crédible qu'on se prend parfois à croire qu'il a réellement existé !
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mercredi 5 juin 2013

Que deviennent les enfants quand la nuit tombe ? de Jean-Paul Nozière

Editions Thierry Magnier, 2013, 14,50€, 259 p.
C'est un joli roman que nous livre JP.Nozières, une histoire bien ficelée, sous forme d'enquête presque policière, en relation avec des faits réels et récents de notre histoire de France :
"Entre 1963 et 1980,  environ 1600 enfants et adolescents réunionnais ont été envoyés en France, particulièrement dans les départements  alors pauvres, touchés par l'exode rural : la Corrèze, le Gers, la Lozère ... (rapport de l'IGAS, Inspection Générale des Affaires Sociales, 2002).
On a pu parler d'enfants volés, enlevés souvent illégalement à leurs parents, sous prétexte de leur assurer un meilleur avenir ... alors qu'ils 'agissait surtout de repeupler certains départements et de diminuer la pression démographique jugée trop forte sur l'île de la Réunion."
Le récit alterne le témoignage d'un enfant enlevé, maintenant adulte et l'enquête que mène Bertille, de nos jours, après la découverte d'un petit squelette dans la ferme que ses parents viennent d'acheter.
On suit aisément les péripéties des enfants réunionnais à travers les investigations de Bertille et le témoignage ; le style est net, simple, adapté à des élèves de collège (6e/5e bons lecteurs, 4e).
Moment d'émotion à la fin.

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lundi 27 mai 2013

Le garçon d'à côté de Katrina Kittle

trad. Nathalie Barrié, Le livre de poche,2012, 571 p., 7€90
Sélection pour le prix des lecteurs du livre de poche 2013
Un très beau roman qui m'a tenue en haleine et émue tout le long !
Sarah vit seule avec ses deux fils depuis la mort de son mari, 5 ans auparavant. Un jour de pluie, elle prend en voiture Jordan, le fils de sa voisine et amie, Mme Kendricks, pour l'amener à l'école. Descendu de l'auto pour une "urgence", l'enfant d'une dizaine d'année, tente de se suicider dans les toilettes de la station service ... Sarah l'amène en urgence à l'hôpital. Elle découvre alors que Jordan est victime d'abus sexuels de la part de ses propres parents ... Sarah et ses 2 fils, Nate et Danny, vont tenter d'aider Jordan, remettant parfois leur propre équilibre familial et personnel en question.
L'auteure a choisi de présenter le récit en alternant les points de vue, les narrateurs font tous parti de l'entourage qui n'a absolument rien perçu. En y repensant, tous auraient dû comprendre, auraient dû voir ! Mais les parents Kendricks étaient médecins, sympathiques, beaux ... parfaits.
La voix de Jordan s'élève aussi et K.Kittle sait nous faire ressentir ses peurs et nous décrire la confusion qui règne dans son esprit.
Beaucoup de qualités pour ce roman, dont la première qui me vient à l'esprit est la construction du récit : apparition des personnages, portraits et mise en place des situations s'enchaînent comme autant de rouages parfaitement agencés qui tiennent en haleine. Chaque détail est utile et précis. Cette cohérence donne au roman de la profondeur et du réalisme, confortés par la subtilité dans la description des sentiments.
Tous les aspects de ce cas de pédophilie sont pris en compte, tant du point de vue psychologique que du point de vue sociétal et judiciaire à travers des personnages profondément crédibles.
Un récit passionnant et poignant auquel la générosité de certains personnages donne un plus d'âme.
Un coup de cœur pour moi, une lecture qui me parait être indispensable aux enseignants !
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dimanche 19 mai 2013

Le jeu des hirondelles de Zeina Abirached

Ed. Cambourakis, 2007, 20€, 186 p.
Une BD tout en noir et blanc, très stylisée, au dessin très décoratif qui m'a rappelé Marjane Satrapi (en inversant le contraste : le fond est noir au lieu de blanc) ... Peut être trop, cela m'a gênée au début, car il n'y a pas que le graphisme. Le contenu fait aussi penser à Persépolis (l'Histoire vu du point de vue d'une enfant) bien que les lieux et l'époque diffèrent !
Zeina Abirached raconte quelques anecdotes sur Beyrouth dans les années 80, la vie quotidienne, les peurs, les bombardements, les relations de voisinage, l'affection dans la famille, du point de vue de l'enfant qu'elle était à l'époque. Un point de vue qui s'attache aux détails de la vie, aux petites choses qui reflètent les sentiments importants.
La BD se lit fort agréablement et on y découvre beaucoup de choses sur la vie dans un pays en guerre.
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vendredi 3 mai 2013

Et puis, Paulette ... de Barbara Constantine

Sélection du prix des lecteurs du livre de poche 2013
2012, 280 p., 6€60
Barbara Constantine est Barbara Constantine. A nulle autre pareille, farfelue, généreuse, follement optimiste, charmante ... Au fil de ses romans, elle n'arrête pas de nous rappeler combien il faudrait vivre AVEC les autres, combien cela nous rendrait la vie plus facile, combien nous serions plus heureux. Et bien sûr, cela parait trop simple, trop irréalisable mais comme ça fait du bien d'y croire ne serait-ce que le temps d'une lecture.
Alors, ne vous en privez pas, allez rêver du côté de Guy, Fernand, Marceline et les autres, prenez une goulée d'air revigorant, riez, pleurez, amusez vous et surtout ne boudez pas votre plaisir !
Après tout, on ne sait jamais, Barbara Constantine pourrait avoir raison ... le bonheur se trouve peut être vraiment dans le partage et la générosité ;o)
PS : Se rappeler de s'inspirer du roman dans la vie quotidienne.
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jeudi 25 avril 2013

Tout ce que nous aurions pu être toi et moi si nous n'étions pas toi et moi d'Albert Espinosa

trad. Christilla Vasserot, le livre de poche, 2010, 6,60€, 213 p.
Sélection prix des lecteurs du livre de poche 2013
Curieux petit roman autour de la vie et de la mort, qui finit par ce que nous aimerions tous pouvoir vivre !
L'être humain cherche affection et amour toute sa vie, dur labeur que la mère de Marcos s'ingénie à lui enseigner avec brio. Quand elle décède, Marcos se sent abandonné et perdu mais son "don" (il voit les mauvaises actions et les bonnes dans l'esprit de chacun) va le mettre face à une révélation étonnante ...
Que d'imagination chez cet auteur qui est lui même passé si près de la mort.
Pour ceux qui ont la fibre philosophe !
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vendredi 22 mars 2013

La nuit tombée d'Antoine Choplin

La fosse aux ours, 2012, 16€, 121 p.
Gouri revient sur les lieux de son ancienne vie, quand la centrale nucléaire de Tchernobyl n'avait pas encore contaminé toute la région, maintenant interdite et déserte.
Il désire aller à Pripiat, ville totalement abandonnée, pour récupérer dans son ancien appartement, la porte de la chambre de sa fille où il avait gravé sa taille à chaque anniversaire ... Ksénia est gravement malade.

A la description des environs désolés, abandonnés des humains, dévastés par les pillards, répondent en écho les vies brisées et reconstruites tant bien que mal de tous ceux qui ont dû partir en laissant là une part d'eux mêmes, leurs souvenirs, ce qu'ils avaient bâti. Poignant.
C'est un très beau roman, empreint de simplicité et d'émotion. Les phrases courtes rythment un récit au présent, sans chichis, sans sophistication, riche en sentiment brut, qui montre à petites touches la vie quotidienne, les détails du désespoir, la nature en souffrance ... heureusement, restent encore la générosité et la solidarité des anciens habitants.
Malgré un sujet bien lourd, l'auteur nous offre de l'émotion sans pathos, de la belle émotion.
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mardi 19 mars 2013

Vida de Patricia Engel

trad. Marie de Prémonville, livre de poche, 2010, 6€10, 185 p.

Livre sélectionné pour le prix des lecteurs du livre de poche 2013.
Les parents de Sabina ont émigré de Colombie et sont venus s'installer en Floride.
A l'école, les enfants appelaient Sabina "l'indienne" ou "chocolat". Période révolue, elle se sent américaine à tel point que, quand la famille retourne en Colombie, elle n'a qu'une hâte c'est d'en repartir.
Sa jeunesse ressemble à la jeunesse d'une américaine type, sorties, petits copains puis petits boulots.
Elle croise Vida, une colombienne arrivée aux USA par le biais de la prostitution et qui s'en est sortie comme elle a pu. Vida a déjà vécu cent vies et rêve de retourner chez ses parents en Colombie, pour échapper à ce passé qui la dévaste. Ce rêve, rentrer en Colombie, la maintient en vie comme son prénom "Vida" le suggère !
Sabina, elle, parait déjà fatiguée de vivre, revenue de tout et sans attente particulière vis à vis des autres. Les petits copains se succèdent ainsi que désillusions et échecs.
Ce manque d'enthousiasme, cet abandon au sort du personnage principal m'ont pesé mais ils sont le reflet d'une jeunesse désemparée.
Une lecture néanmoins intéressante. 
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Silhouette de Jean-Claude Mourlevat

Gallimard, coll. Scripto, 220 p., 9€, 2013
Très joli recueil de nouvelles principalement "à chute", toutes bien cruelles et bien noires, avec parfois une pointe d'humour ou de tendresse. Mais vraiment une pointe !
Dans la tradition des nouvelles à la Roald Dahl, toutes finissent mal ou sur un sentiment désagréable et célèbrent ainsi la dureté de la destinée humaine tout en soulignant la bassesse d'âme de certains …
Naufrage de la vieillesse, haine et vengeance, humiliations diverses, remords, folie de la violence …
Ceux qui cherchent du réconfort devront passer leur chemin !
En expert de l'âme humaine, JC Mourlevat sait que cette vision amère de l'homme servira égoïstement à ses lecteurs pour se rassurer sur eux mêmes. Les retournements de situation s'y ajouteront pour rendre la lecture aussi délectable qu'une tasse de thé accompagnée de shortbreads. 
Au jeu de “quelle nouvelle as tu préféré ?”, je réponds : “Ouessant”, pour moi sans conteste la plus dure. Qu'y a-t-il de pire, pour un enfant que de voir son père traité de bon à rien et d'être obligé de constater par la suite que ce père n'a effectivement rien réussi dans sa vie ? Terrible.
Recueil édité en jeunesse mais tout public. A ne pas lire trop jeune car les chutes sont parfois assez subtiles.
Encore une lecture conseillée par Olivier, merci !
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dimanche 17 mars 2013

Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire de Jonas Jonasson

trad. Caroline Berg, poche pocket, 2012, 7,70

Cet article a été rédigé par Annie, ma mère, grande lectrice et enthousiaste à propos 
de ce roman !  
Merci à elle qui sait si bien partager les bonnes choses ;o)
Alors dès que j'ai le temps, je le dévore ...

Un livre original, au grand pouvoir d'évasion par son sujet et son exposition.
Deux volets concernant le principal personnage, Allan Karlsson :
  • une histoire actuelle, rocambolesque, type polar (à la suite de son évasion de sa maison de retraite, par la fenêtre de sa chambre, le jour anniversaire de ses 100 ans !)
  • des histoires picaresques -quasiment délirantes- à travers l'Histoire avec un grand H, vécues tout au long de sa vie par étapes chronologiques et liées à ses qualités d'artificier émérite qui l'amèneront à côtoyer les grands de ce monde
On ne s'ennuie pas, le style est adapté au texte. Peut être, tout petit bémol, une fin un peu longuette.
Le livre m'a plu aussi parce qu'il m'a fait rire.

mardi 12 mars 2013

L'obscure mémoire des armes de Ramon Diaz-Eterovic

Ed. Métailié, coll. Noir, trad. Bertille Hausberg, 2011, 278 p., 19€
J'ai retrouvé avec grand plaisir Heredia, le privé désabusé et son chat Simenon (avec lequel il devise en buvant du whisky) que j'avais rencontrés dans deux autres polars : ici et .
Ramon Diaz-Eterovic explore une fois encore le passé récent de son pays, le Chili, et dénonce cette fois, la protection dont bénéficient les militaires qui ont commis les pires exactions pendant la dictature du Général Pinochet. Un passé qui hante ceux qui en furent victimes, ceux qui aujourd'hui s'organisent pour que justice soit enfin rendue ...
Sous prétexte qu'il faut "regarder vers le futur et que personne ne veut plus entendre parler de tout ça", que "les responsabilités sont partagées", faut il oublier ? Oublier la sinistre villa Grimaldi où furent perpétrées les pires tortures, où disparurent plusieurs milliers de personnes ? Oublier que les assassins vivent au milieu de tous comme des citoyens respectables ?
Heredia qui se place du côté des victimes, sait que :
"- Certains pensent que les militaires ont changé ces dernières années.
- Ils se taisent et nous saluent courtoisement mais ils peuvent de nouveau montrer les dents dans l'avenir. Je n'ai pas confiance en eux. Ils sont dressés à maintenir l'ordre des puissants. Notre histoire est pleine d'exemples qui confirment mes paroles.
- A vous entendre, on dirait que vous leur gardez rancune.
- Je m'en méfie, Anselmo. Une fois déjà, ils ont foutu notre vie en l'air et ça, je ne l'oublie pas."
Le roman est émaillé de citations de poètes et de romanciers, les dialogues sont acérés et tranchants en contrepoints à la lassitude d'Heredia. Lui à qui seul l'amour donne encore le goût de vivre.
Un récit paradoxalement "punchy" pour un héros attachant mais bien las de la nature humaine.
Il faut lire absolument ce beau roman policier pour mieux connaitre le Chili d'aujourd'hui. Ramon Diaz Eterovic au sommet de son art !
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mardi 5 mars 2013

Paul à Quebec de Michel Rabagliati

Les éditions de la pastèque, 2011, 187p., 21,85€
Il se dégage à la lecture de cette bande dessinée une impression de simplicité, portée par le dessin net, en noir et blanc et en vignettes très régulières. Le récit semble réduit à de petits détails de la vie et c'est justement cela que veut nous transmettre l'auteur. La vie se compose de petites choses qui font de grandes émotions ...
L'histoire se résume en une phrase : la femme de Paul, originaire du Québec, retourne régulièrement voir ses proches jusqu'au jour où son père tombe malade, la famille accompagne alors le vieil homme pendant ses derniers mois de vie, entourant d'affection celui qui les a toujours aimés et aidés.
Le découpage en chapitres s'appuie sur les repères temporels : année, puis mois, puis vers la fin de vie, jours, puisque tout s'accélère.
De détails en petites choses, l'auteur découvre pour nous les expressions québecoises, les plats typiques, la façon de vivre, les lieux. Sans qu'on y prenne garde, il y mêle l'affection entre les proches, les conflits aussi, le bonheur de se retrouver en famille sans chichis, les souvenirs en commun ...
Un joli moment où la vie nous rattrape en nous racontant ce qui, un jour, nous arrivera ou nous est arrivé ! Du personnel à l'universel.
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jeudi 28 février 2013

La fortune de Sila de Fabrice Humbert

Livre de poche, 2010, 7€10, 354 p.
Livre sélectionné pour le prix du livre de poche 2013.
A partir d'un fait divers et à travers 4 personnages, Fabrice Humbert trace à grands traits le portrait d'une société impitoyable où la raison du plus fort et la recherche du profit broient les hommes sans pitié.
Un jeune serveur noir, Sila, se fait violemment frapper, sans véritable raison, par un client américain richissime venu dîner dans le restaurant étoilé où il travaille depuis peu.
Les autres protagonistes de l'histoire se trouvent tous dans ce restaurant, au même moment, mais aucun n'intervient pour aider Sila.
Il y a l'agresseur, Mark Ruffle et sa femme. Lui a construit son immense fortune sur le prêt immobilier aux pauvres, sans scrupule, contribuant ainsi à sa façon à la crise des subprimes.
Simon a suivi son grand (et seul) copain, Matthieu, à Londres. Il y exerce la fonction de "quant" dans une banque à la city et constitue ainsi un des multiples rouages de la crise financière, quoique à un échelon bien subalterne.
Lev Kravchenko, oligarque russe et sa femme Elena, universitaire, sont de passage à Paris. Dans le sillage d'Eltsine, Kravchenko a bâti sa fortune en trafiquant et en vendant les biens de l'ex-URSS sans état d'âme.
Fabrice Humbert nous offre un instantané précis de la société actuelle sur laquelle le "vulgus pecus" a bien peu d'influence. Il manie la plume comme un scalpel : pas de pathos, peu d'empathie, des personnages fouillés mais bien seuls et désenchantés.
Sila et Simon subissent plus qu'ils n'agissent, ils sont désarmés devant la cruauté de ce monde.
Ruffle et Kravchenko font parti des rapaces qui, eux, exploitent les autres.
Au final, même si les crapules ne sont pas punies par la justice des hommes, la vie se charge de les isoler : peu à peu ils se retrouvent dans un désert affectif et dans une jungle où chacun doit défendre  férocement son bien s'il veut le conserver.
Brrrrr ! Par moment, le roman, très réaliste, donne froid dans le dos. Mais j'ai beaucoup aimé (comme son précédent roman "l'origine de la violence").
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mercredi 27 février 2013

L'histoire d'Horacio de Tomas Gonzalez

trad. D.Valentin, Ed. Montparnasse, 2012, 218 p., 17€
Roman foisonnant qui nous vient tout droit de Colombie ... J'ai été surprise au début par ce récit très éclaté, riche de nombreux personnages, de tranches de vie, d'anecdotes, de détails du quotidien,  passant souvent du coq à l'âne.
De ce mesclun, parfois comique, parfois tragique, ressort le portrait chaleureux d'une famille et de ses proches dont le narrateur note les particularités, les excentricités, les qualités ; grâce à lui, rien ne nous échappe ni les petites choses qui font le sel de la vie, ni l'affection qui lie tous les personnages ... avec en toile de fond réaliste la corruption omniprésente des notables colombiens.
Un hymne à l'amour de la vie, malgré sa dureté.
Fin très onirique et très belle où alternent les brefs moments de lucidité d'Horacio et ses rêves étranges jusqu'au moment où "dans un gémissement, il pénétra, indigné, le territoire qui ne connait pas de limites."
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jeudi 21 février 2013

Blanche comme le lait, rouge comme le sang d'Alessandro D'Avenia

Trad. Nathalie Bauer, livre de poche, 2013, 282 p., 6,60€
Sélectionné pour le prix des lecteurs du livre de poche 2013.
Bof et rebof !
Pas grand chose à dire sur ce roman, on marche ou on ne marche pas ...
Un lycéen tombe amoureux d'une belle lycéenne rousse qu'une leucémie va emporter ... Il essaie de l'aider, de lui rendre ses dernières semaines plus légères sans se rendre compte qu'à ses côtés, son amie de toujours se morfond d'amour pour lui, tout en l'aidant généreusement.
Rassurez vous, la vie sera la plus forte.
Un pseudo style "ado" composé d'un mélange de pensées très terre à terre, de nombrilisme et de désir d'absolu ne fait pas un personnage crédible, la poésie reste définitivement une poésie d'adulte et le roman ne m'a pas intéressée du tout.
Mais je reconnais que je suis peut être partiale ... le roman est quand même "écrit".
Allez, zou, je passe à autre chose !!!
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lundi 18 février 2013

Mauvaise fille de Justine Lévy

Le livre de poche, 2011, 183 p., 6,30€
J'ai eu l'impression d'avoir soulevé le couvercle d'une marmite où bouillonnent les sentiments et le vécu intimement mêlés, d'avoir reçu en plein visage la touffeur des émotions mais je n'ai pas essayé de le refermer, un peu enivrée par les sucs et les odeurs. J'en conclus que la lecture m'a embarquée, sans chichis, sans manière, à la hussarde.
Il ne s'agit pas là de grande littérature, il s'agit de souffrance, d'urgence et de survie.
Comment gérer l'agonie et la mort d'une mère aimée tandis qu'au même moment, on est enceinte ?
Comme on peut ... l'essentiel restant de protéger, instinctivement, son enfant donc soi même !
Je n'ai pas vu l'adaptation au cinéma réalisée par Patrick Mille avec Izia Higelin et Carole Bouquet.
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dimanche 17 février 2013

Madame Hemingway de Paula Mac Lain

trad. Sophie Bastide-Foltz, livre de poche, 2012, 7,60€, 499 p.
Roman sélectionné pour le prix des lecteurs du livre de poche 2013.
Il m'a fallu un peu de temps pour entrer complètement dans le roman d'autant que je connais mal Hemingway, son œuvre et sa vie. Mais une fois que le pas a été franchi, je me suis régalée ...
L'auteure s'est tenue au plus près de la réalité en puisant dans des documents d'époque, des correspondances ou des essais mais, bien sûr, son roman reste une œuvre de fiction dont l'analyse psychologique constitue le cœur.
Celle qui dit "je", c'est la première femme d'Hemingway (il en eut 4), Hadley Richardson, 28 ans. Elle débarque de son Missouri natal, tombe follement amoureuse du bel Ernest, l'épouse et partage quelques années agitées à ses côtés, le temps d'avoir un enfant. Issu d'un milieu classique et conventionnel, elle aidera son mari au maximum de ses possibilités jusqu'au moment où son amour se heurtera à la passion envahissante qu'il vit pour l'écriture, à sa recherche obsessionnelle de reconnaissance et à sa fascination pour la mort ... sans oublier son goût pour les jolies femmes !
Une des grandes qualités du livre est de nous immerger dans la vie des artistes des années 20.
On côtoie Ezra Pound, Francis Scott Fitzgerald, James Joyce et bien d'autres.
On y croise Gertrude Stein qui tient salon et encourage les jeunes talents.
On y découvre la vie agitée que menait cette intelligentsia : alcool, sexe, drogue, tromperies et commérages ...
On constate combien Paris les attirait tous par la liberté et le bouillonnement intellectuel qui y étaient offerts.
Autre pôle d'attraction, Antibes, petit village inconnu à l'époque, où un riche couple d'américains, les Murphy, accueillait généreusement auteurs et peintres désargentés.
Hemingway, passionné de tauromachie et de corridas, faisait de longs séjours à Pampelune, en Espagne. Il y entraîna ses amis artistes ... Et voilà comment certains lieux devinrent à la mode !
Bref, le tableau de l'époque est passionnant et l'histoire d'amour bien belle, ce qui ne gâche rien.
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samedi 16 février 2013

Le sermon sur la chute de Rome de Jérôme Ferrari

Actes Sud, 2012, 201 p., 19€
Finalement le héros de ce roman, Matthieu, est un pusillanime sans grande personnalité. Il ressemble à ces méduses du film d'Alain Resnais "On connait la chanson" qui apparaissent deux ou trois fois et dont tout le monde se demande à quoi elles servent et ce qu'elles veulent dire.
Le jugement peut paraitre sévère mais si Matthieu cherche à aller en Corse, s'il accepte de gérer un bar c'est uniquement pour se rapprocher de son unique ami, Libero. Toutes les grandes décisions de sa vie sont prises en fonction de son ami, sinon il n'y a pas de décision du tout.
Libero lui, pense, réfléchit et juge. Il interrompt ses études de philosophie pour devenir gérant de bar parce que l'espèce humaine n'a rien su tirer de l'enseignement des philosophes, parce qu'elle n'en tirera jamais rien et qu'il n'a plus aucun espoir en elle. Mais, au contraire d'Alceste (ou comme lui ?) il aime encore ses prochains et tente parfois de les aider et paradoxalement, il est celui par lequel le malheur arrive ...
La Corse se situe bien au centre du récit, à travers l'histoire du grand-père Marcel surtout, le meilleur moment du récit, pour moi.
La philosophie imprègne le roman, cependant je ne peux m'empêcher de trouver le titre et les références un peu pompeuses. On dirait que l'auteur cherche absolument à prouver que Saint Augustin est toujours d'actualité (toute entreprise humaine est vouée à la décadence). On le sait bien que les grands penseurs le sont toujours mais perso, je préfère quand il y a un peu plus de confiance en la nature humaine ...
Une lecture agréable mais pas un coup de cœur.
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lundi 7 janvier 2013

Chroniques de San Francisco d'Armistead Maupin

trad. O.Weber et T.Duverne, 10/18,  Domaine Etranger, 1994, 381 p., 7,70€
Description de la vie à San Francisco dans les années 70, du point de vue de la classe moyenne et aisée ... libération sexuelle, drogue, excès de tous ordres face à l'Amérique bien pensante.
Humour fin et décalé, particulièrement à travers Mickael Tolliver, homosexuel assumé, personnage le plus proche de l'auteur selon wikipedia.
Pour se poiler, imaginer le bouillonnement de cette époque en ce lieu ou se rappeler les 70ies si on les a vécues. Memories ;o)
Avis aux amateurs : 8 autres tomes vous attendent ...
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dimanche 6 janvier 2013

Diario de Greg 2, la ley de Rodrick de Jeff Kinney

2009, ed. Molino, 217p.
Bien sur, le "journal d'un dégonflé" existe en français, traduit de l'anglais puisqu'il nous vient tout droit des États-Unis où vit son auteur, dessinateur de jeux online.
Mais si vous souhaitez améliorer votre espagnol ce livre est parfait : il vous remettra en mémoire le vocabulaire de la vie quotidienne et les tournures les plus utilisées.
Avec en prime, quelques moments de rigolade car ce "roman graphique pour ado", sans tomber dans la vulgarité, confronte impitoyablement logique adolescente et logique adulte. Bien que je ne sois pas sure que le mot "logique" soit toujours approprié ! Le héros, Greg, affronte un monde sans pitié où la débrouille le sort souvent d'affaire.

Pour lire quelques pages, cette fois-ci en anglais ;o)
http://www.funbrain.com/journal/Journal.html?ThisJournalDay=1&ThisPage=2
Collège et pourquoi pas après ...

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