Bienvenue à tous ceux qui aiment lire ...

Lire, pour moi, c'est échapper au quotidien tout en restant proche des hommes et de leurs réalités ...

mercredi 24 octobre 2012

Scintillation de John Burnside

Ed. Métailié, trad. Catherine Richard, 2011, 20€, 282 p.
Curieux roman.
On ne sait pas exactement où et quand se déroule l'action, les points de vue changent, les narrateurs aussi, le thème central serait il la culpabilité, la responsabilité collective, la justice, les effets de la corruption ou la difficulté de garder espoir dans un monde pourri ?
Au moment de parler du roman, je ne sais plus par quel bout commencer et mes doigts se figent sur le clavier.
Je crois que je vais laisser ça à ceux qui en parlent bien (ici) et m'en tenir à l'essentiel : j'ai aimé, surtout la partie où le personnage principal, Léonard, raconte ;o)
Déprimés s'abstenir car c'est un monde vraiment très noir et dérangeant que nous décrit Burnside !
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Hunger Games La révolte de Suzanne Collins

trad. Guillaume Fournier, Pocket Jeunesse, 2011, 417 p.

Aussi bien que les 2 tomes précédents, peut être même mieux.
Critique sociale très centrée sur les inégalités, la suprématie de l'apparence et la manipulation médiatique.
Haletant jusqu'à la fin ...  où j'ai été brusquement rattrapée par l'émotion.
Seul bémol comme pour les 2 autres tomes, l'écriture trop simple, trop formatée ... trop commerciale.
Mais, du coup, facile à lire en anglais dixit ma copine Nadine A et accessible dès la 5e.

Sans hésiter, à avoir en CDI de collège et de lycée, pour l'histoire.
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dimanche 21 octobre 2012

Home de Toni Morrison

Christian Bourgeois Editeur, trad. Christine Laferrière, 2012, 17€, 151 p.
Interviewée par Télérama au sujet de la concision de Home, Toni Morrison a expliqué qu'à son âge (81 ans!), le temps était compté et qu'il lui fallait aller à l'essentiel ... Pari tenu !
Qu'y a-t-il de pire que d'être noir, pauvre, malade (mais pas communiste !) aux USA dans les années 50 ? Rien.
Frank Money qui rentre de la guerre de Corée, va subir la ségrégation raciale de plein fouet.
Frank souffre de traumatismes liés à la guerre. Accès de violence, visions, angoisses et alcoolisme  l'empêchent d'avoir une relation normale avec sa petite amie. Bientôt il se retrouve seul et désespéré.
Mais il va trouver le courage et l'énergie nécessaires pour voler au secours de sa petite sœur, Cee, qu'il fut seul à aimer et protéger dans une famille où il n'y avait pas de place pour l'affection.
En allant la sauver, il devra voyager avec le "guide vert" où sont indiqués les hôtels ou auberges de jeunesse acceptant les noirs, choisir soigneusement les moyens de transport autorisés aux noirs et trouver de l'aide auprès de ceux qui ne méprisent pas les pauvres. Vaste entreprise.
Style simple, psychologie des personnages fouillée et émotion au rendez-vous.
Très beau roman du prix Nobel de littérature 1993, aux thèmes foisonnants, à l'écriture simple mais profonde. De Toni Morrison je n'avais lu, à grand peine, que "Beloved" ... me voilà réconciliée.
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Home


samedi 20 octobre 2012

Naissance d'un pont de Maylis de Kérangal

Verticales, 18,90€, 316 p., 2010
Interloquée, dépaysée, dictionnarisée ...
Voilà comment je me suis retrouvée en lisant les premières pages de ce roman ... Passé le choc dû au contexte technique et au vocabulaire afférent au chantier, je me suis surprise à suivre avec intérêt l'histoire de la construction de ce pont gigantesque par la multinationale Pontoverde à travers la vie des personnages principaux : le chef de chantier Georges Diderot, les ouvriers Mo Yun, Duane Fischer, Soren Cry et Buddy Loo, le grutier Sanche Alphonse Cameron, la responsable du béton Summer Diamantis, le maire John Johnson dit le Boa, Katherine Thoreau la conductrice de déblayeuse ...
Le maire de Coca, ville imaginaire de Californie USA, après un voyage à Dubaï, décide la construction d'un pont magnifique qui mettra sa ville au centre d'échanges commerciaux juteux. De tout le pays convergent des êtres en quête de travail pour des raisons diverses : se cacher de la police, besoin pressant d'argent, passion du métier comme pour Diderot ou Summer ...
Mais le pont va bouleverser le biotope et les écologistes veillent.
Tous ces êtres humains si différents, parfois minables ou vils, trouvent leur noblesse dans leur participation à cet ouvrage d'art collectif, ouvrage qui les dépasse et les transcende.
On a parfois l'impression d'observer une fourmilière en pleine activité, injustices et saloperies en sus.
J'ai bien aimé !
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lundi 1 octobre 2012

La chorale des maîtres bouchers de Louise Erdrich

trad. Isabelle Reinharez, 568 p., 2005, livre de poche, 7,50€
Incontestablement un très beau roman à côté duquel il ne faut pas passer si vous aimez l'histoire !

Louise Erdrich, comme son nom l'indique, est d'origine allemande par son père mais aussi d'origine indienne (mère Ojibwa). Pour construire ses personnages, elle s'est inspirée de son histoire familiale. Un de ses grands-pères, a combattu du côté allemand en 14-18 et il a ensuite émigré aux USA. Ses fils se sont battus du côté américain lors de la seconde guerre mondiale ... peut être contre des
parents, comme Fidélis un de ses héros.
Ce roman nous raconte des vies compliquées qui prennent aux tripes à la lecture. Rien n'est simple pour ces personnes qui s'usent au travail et cherchent à trouver un équilibre dans leur vie. Sans jamais renoncer, ils surmontent les traumatismes de la guerre ou le poids des conventions, le manque d'affection ou le désir de pouvoir de certains ...
Delphine, personnage central du roman, fille d'alcoolique, cherche désespérément à mieux connaitre sa mère, morte quand elle était toute jeune et dont son père refuse obstinément de lui révéler l'identité. Elle déploie toute son énergie à construire le foyer affectueux qu'elle n'a jamais eu ...
Fidélis, tireur d'élite allemand pendant la guerre de 14, a émigré aux usa pour y travailler comme maître boucher et s'est marié avec la femme de son meilleur ami, mort à la guerre dans ses bras.
Cyprian, indien homosexuel, équilibriste de métier, attaché à Delphine, l'aidera à sa façon dans son quotidien.
Clarisse, meilleure amie de Delphine, première femme à embaumer les morts, est harcelée par le shérif Hock, fou amoureux d'elle.
Le roman mêle intimement histoire contemporaine (l'entre deux guerres et l'après-guerre) et destins individuels, symbole et singularité. Un riche instantané de la société américaine et de beaux portraits psychologiques.
Et puis, il y a l'écriture de Louise Erdrich, délicate, imaginative, sensible.
Un coup de cœur pour moi.

 La chorale des maîtres bouchers