Bienvenue à tous ceux qui aiment lire ...

Lire, pour moi, c'est échapper au quotidien tout en restant proche des hommes et de leurs réalités ...

dimanche 4 septembre 2011

Les sept fils de Simenon de R. Diaz-Eterovic

Editions Métailié, trad. B.Hausberg, 2001, 17,50€, 284 p.
Ce que j'aime dans les polars de Ramon Diaz-Eterovic, c'est que les états d'âme de son héros rejoignent les miens ! Dès qu'il parle de la société actuelle, il fait mouche et me voilà remuée.
Heredia, détective privé plus très jeune, se remet doucement d'un chagrin d'amour lorsqu'il décide de reprendre ses activités professionnelles. A peine rentré à Santiago, il est accusé d'un meurtre commis dans l'hôtel où il loge momentanément ! Qui a assassiné ce pauvre Gordon, commissaire aux comptes qui s'est un peu trop penché sur un projet de gazoduc entre l'Argentine et le Chili ? Un projet bien peu écologique et sans les garanties de sécurité nécessaires mais dont politiques influents et dirigeants d'entreprise tireraient volontiers profit ... Heredia n'a d'autre solution que de mener l'enquête.
Entre quelques amis fidèles et son chat philosophe Simenon (avec lequel il dialogue sur un ton humoristique), Heredia se sent étranger à la société chilienne actuelle, à un système qui génère pauvreté et injustices. Ce système, il s'y est opposé jusqu'au coup d'état du Général Pinochet mais aujourd'hui : "Peut-être avais-je compris, comme d'autres amis du passé, que ceux qui dirigent le monde n'acceptent pas de changement susceptibles de toucher leurs gros sacs d'intérêts et de misères. Voilà pourquoi, il me fallait accumuler l'espoir et les idées pour alimenter le triste feu de la défaite. Ce n'était pas facile. Beaucoup d'amis étaient morts. D'autres avaient retourné leur veste et apprenaient  les pas d'une nouvelle danse qui leur tournait la tête au point de leur faire oublier ce qu'il y avait en eux de plus pur et de plus simple."
Il constate que les idées généreuses qu'il a défendues, ne sont plus partagées par les jeunes, comme le lui dit le flic Bernales :
-"Et vous espériez quoi ? Nous voir poursuivre la litanie de vos revendications larmoyantes ? Ce qui est arrivé, plus personne ne peut le réparer maintenant. On ne peut s'accrocher à un passé que nous n'avons même pas vécu. Le monde a changé et les dinosaures comme vous n'ont plus grand chose à faire. Ils n'ont même pas une oreille pour les écouter. Il faut vivre avec son époque et profiter des occasions pour prendre du bon temps. L'important c'est soi-même, les autres n'ont qu'à se débrouiller ..."
Derrière le personnage de Heredia, emblématique d'une génération, se trouvent toutes les désillusions des perdants mais aussi toute leur dignité lorsqu'ils restent fidèles à leur idéal d'une société plus juste. Dans la France actuelle, je me sens aussi parfois "un dinosaure" ...

Diaz-Eterovic a réussi un roman plein d'ambiance et riche d'une description vivante de Santiago, ses bars, ses quartiers, son évolution. Ses livres me donnent envie d'aller faire un tour au Chili ... alors je rêve et me remets à l'espagnol !
@@@@@


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire