Bienvenue à tous ceux qui aiment lire ...

Lire, pour moi, c'est échapper au quotidien tout en restant proche des hommes et de leurs réalités ...

lundi 20 décembre 2010

Comment (bien) rater ses vacances d'Anne Percin

Editions du Rouergue, couv. Dorothy-Shoes, coll. Doado, 185 p., 11€50
A 17 ans, Maxime refuse de passer ses vacances avec ses parents. Il restera à Paris avec sa grand-mère pendant que ses parents randonneront sur le GR corse.
Hélas, rien ne va se passer comme prévu et les mésaventures vont s'accumuler !
Le roman rappelle fort judicieusement aux ados qu'il n'est pas facile de devenir un adulte au quotidien et de faire face à toutes les situations sans l'aide de papa-maman (en l'occurrence injoignables).
Anne Percin cultive le mot juste et le trait d'humour. Un cocktail fort réussi : j'ai ri du début à la fin.
Voilà un extrait pour vous donner une petite idée de la chose :
" Chers parents,
Mon stage de survie en milieu hostile se passe bien, merci. J'espère que vous n'êtes pas trop morts, rapport aux frais de rapatriement qui doivent coûter bonbon, depuis la Corse. Heureusement, j'ai l'eau-de-vie de Mamie, ça m'aide pour tenir. Si jamais vous ne reveniez pas, ce serait sympa de m'envoyer un mandat parce que la prostitution masculine, ça marche pas trop dans le quartier. Bon, ben je vous laisse, c'est l'heure de ma piqûre d'héroïne.
Gros bisous, votre fils bien-aimé,
Maxime."
Le texte regorge de références musicales que les ados apprécieront et pour les autres, voilà une occasion de (re)découvrir des "incontournables"  ;o)
3e et lycée
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La belle Adèle de Marie Desplechin

Gallimard Jeunesse, couv. Lucie Durbiano, 2010, 154 p. , 8€50
On est plus heureux quand on ressemble aux autres. En tout cas, c'est ce que pensent Adèle et Frédéric, deux copains d'enfance. Or aucun des deux ne se fond dans la masse des collégiens : Adèle s'habille à la va comme j'te pousse et Frédéric plane intellectuellement trop loin au-dessus de ses camarades de classe. Impardonnables.
Pour que les autres ne les regardent plus comme des bêtes curieuses, ils unissent leurs différences et ... font croire qu'ils sortent ensemble. Ils comptent impressionner ainsi leurs camarades. Mais un grain de sable va gripper la machine !
Beaucoup d'humour dans ce petit roman sympathique qui illustre bien le monde du collège et qui défend un principe simple mais fondamental : quand on veut quelque chose, il faut se remuer pour l'obtenir !
Bien pour les 5e/4e qui perdent leur spontanéité face au regard des autres ...
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dimanche 19 décembre 2010

Walking Dead de Charlie Adlard et Robert Kirkman (et Tony Moore)

BD, Delcourt, 2007, 142 p., 13€
série en 12 tomes, illustrations en noir et blanc
Des films de zombies, le scénariste de Walking dead, Robert Kirkman dit : "Les bons films de zombies nous révèlent à quel point nous pouvons être déséquilibrés ... ainsi que la situation de détresse dans laquelle se trouve notre société aujourd'hui. Bien sûr, ils amènent également leur dose de gore, de violence ... Mais il y a toujours en arrière-plan cette critique sociale." La tendance générale de la BD est donnée.
Le héros, Rick Grimes, flic de son métier, sort du coma après avoir été blessé lors d'une opération. Il découvre, horrifié, un monde totalement transformé : les humains ont été contaminés et sont devenus des zombies. Il part sur les routes, à la recherche de sa femme et de son fils ...
Kirkman nous montre comment Rick, flic lambda, s'adapte à ce nouveau monde, en usant de violence mais en se posant toujours la question de son humanité. Comment il devient leader en protégeant et en accueillant pacifiquement les nouveaux venus parce qu'il a remarqué "qu'en groupe, on s'en sort mieux".
Rick prend conscience que les circonstances le changent profondément mais il veut désespérément garder ses valeurs : solidarité, honnêteté et humanité.
Une magnifique bande dessinée, loin des clichés du gore (même si la violence est présente) et servie par le très beau dessin de Charlie Adlard ... Le cadeau de Noël !
A partir de la 3e
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dimanche 12 décembre 2010

Le dernier jour d'un condamné de Victor Hugo

Librio, 2006, 97 p., 2€
Accrochez vous, c'est du lourd ;o)
Tout le monde a entendu parler du combat de Victor Hugo contre la peine de mort. Il met dans ce récit (comme dans "Claude Gueux", à lire aussi) toute la force de sa conviction et de son humanité.
Un jeune condamné à mort raconte, à la première personne, les jours et les heures qui précèdent son exécution. Victor Hugo s'en tient aux faits, aux choses, aux lieux pour faire ressentir la souffrance qu'inflige ce traitement barbare. Rien ne nous est évité, ni la panique ni la révolte du pauvre homme et pourtant, pas d'outrance, pas de pathos. Avec son style, inégalable.
Une leçon de simplicité et de dignité à une époque où le déballage des sentiments en public (par la télé réalité) a quelque chose d'écœurant.
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Chien blanc de Romain Gary

En 1968, Romain Gary vit à Beverley Hills, avec Jean Seberg. Aux États Unis, la ségrégation raciale a encore cours. Un beau matin, il trouve un chien devant sa porte, un berger allemand déjà âgé. Le chien insiste pour entrer ... Gary l'adopte. Très rapidement, il se rend compte que l'animal a été spécialement dressé pour attaquer les noirs. Choqué qu'un animal puisse payer le prix de la folie des hommes, il l'emmène dans un chenil où un dresseur "génial" (un noir, bien sûr) doit le rendre inoffensif.
Le roman est à la fois une "analyse" à la Romain Gary de la ségrégation raciale aux États Unis et un long cri de révolte contre la cruauté et la bêtise humaine.
On finit par se demander où est la part de vérité et où est la part de fiction, tant le récit semble par moment cousu sur mesure pour donner à Romain Gary l'occasion d'exposer sa pensée profonde d'individualiste forte tête et grande gueule. Mais c'est justement là qu'agit le charme et qu'on se laisse totalement emporter par le récit et les propos parfois hilarants malgré le sérieux du sujet.
Totalement amoureux de sa femme, il est scandalisé de la voir exploitée financièrement par des groupuscules pro-noirs souvent manipulés par le FBI : Gary n'est l'homme d'aucune idéologie, d'aucun parti. A part De Gaulle, il ne respecte que l'être humain ... pour qui il reste tant à faire.
"Je ne suis pas découragé. Mais mon amour excessif de la vie rend mes rapports avec elle très difficiles, comme il est difficile d'aimer une femme que l'on ne peut ni aider, ni changer, ni quitter ..."
Romain Gary, le trop humain.
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Mourir de dire La honte de Boris Cyrulnik

Editions Odile Jacob, 2010, 260 p., 22,50€
Merci à Boris Cyrulnik de savoir exprimer simplement des notions complexes et de permettre à ses lecteurs de mieux comprendre ainsi ce qui les touche ! Mais comme il est difficile de parler de ce livre foisonnant et complet ... Je vous livre, en vrac, ce qui m'a interpelée : 
La honte provient du regard de l'autre et de l'interprétation que nous en faisons. Le sentiment de honte dépend entièrement de l'époque, du lieu de vie et du milieu où l'on vit. Un acte condamné à une époque devient, un siècle plus tard, signe d'émancipation et de liberté et nous en sommes fiers !
Figurez vous que nous ne sommes pas égaux biologiquement devant les sentiments. Et oui, les "petits transporteurs" de sérotonine sont moins entreprenants, plus timides et socialement moins appréciés que les "gros transporteurs", moins réceptifs aux sentiments négatifs. Cependant, un environnement affectif sécurisant rendra un "petit transporteur" actif et lui permettra de se développer de façon fort satisfaisante ... et l'on revient à l'importance fondamentale du milieu !
L'auteur évoque, entre autres, la déportation et rappelle que, quand certains déportés ont été déshumanisés, d'autres, en développant la solidarité et le dialogue entre eux, ont pu donner du sens à leur détention et garder leur dignité d'homme sans ressentir de honte. Ainsi Germaine Tillion qui a appliqué ses méthodes d'ethnologue pour comprendre le fonctionnement d'Auschwitz et l'expliquer à ses camarades de détention ou les communistes qui se sont organisés.
Boris Cyrulnik donne beaucoup d'exemples pour éclairer son discours et il nous permet ainsi de mieux comprendre le mécanisme de la honte. La honte ? Un sentiment qui n'est pas toujours négatif puisqu'il peut, parfois, nous rendre plus humain, précise-t-il !
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mercredi 8 décembre 2010

Les enquêtes d'Enola Holmes (La double disparition) de Nancy Springer

Nathan,  couv. Raphaël Gauthey, 2007, 249 p., en poche 6.20€
Il s'agit du premier tome de la série qui en comprend maintenant 5.
La mère d’Enola, 14 ans, disparaît mystérieusement le jour de l’anniversaire de sa fille. Ses grands frères, Mycroft et Sherlock, décident de l’envoyer, contre sa volonté, dans un pensionnat. Mais trop indépendante pour subir l’enseignement des « bonnes manières victoriennes », Enola s’enfuit à Londres où elle mène l’enquête pour retrouver sa mère …
Le récit est captivant, tout s’enchaîne sans temps mort et, au-delà de l’enquête policière, c’est la description de l’époque victorienne vécue du côté des femmes qui est passionnante : l’absence totale de droits, le poids des conventions, la pruderie, les jugements masculins négatifs tendant à les rabaisser. 
Moi il me semble important de montrer aux filles que les droits dont elles profitent aujourd'hui n'ont pas toujours existé et qu'il a fallu des pionnières pour se battre et les obtenir ! La liberté se conquiert ;o)
C'est ce qui fait l'intérêt premier du roman ; par ailleurs, l’héroïne développe des qualités qui font indubitablement penser à celles de son illustre frère : don d’observation et de déduction logique, goût du déguisement mais aussi caractère indépendant et fierté.
Enola initiera ses lecteurs au monde de Sir Arthur Conan Doyle en leur donnant peut-être envie d’aller voir du côté de Sherlock, le vrai …
Certains mots relèvent d’un vocabulaire vieillot, ils concernent essentiellement la description des vêtements ; quelques renvois en bas de page auraient été bien venus. Le roman s'adresse donc plutôt à de bons lecteurs, à partir de la 4e/3e ... j'ai écrit ça hier, sauf qu'aujourd'hui, une petite élève de 6e m'a dit, avec une expression gourmande, qu'elle avait lu toute la série ;o))
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samedi 4 décembre 2010

Le secret d'EndYmiOn Spring de Matthew Skelton

Pocket Jeunesse, couv. Bill Sanderson, 397 pages, 2006, 19€
Une grosse crise de flemme m'a momentanément éloignée de la lecture et je reviens, en douceur, avec une bonne petite histoire de magie et de dragon qui tourne autour de la recherche du "livre ultime" ... vous savez, celui qui donne le pouvoir de voir l'avenir et le passé et donc, tous les pouvoirs ;o)
Deux récits alternent et s'imbriquent, celui de Blake qui vit de nos jours à Oxford avec sa chercheuse de mère et sa petite soeur et celui d'Endymion Spring qui vit au 15e siècle, à Mayence. Ce dernier a été recueilli et sorti de la misère par Johannes Gutenberg, en pleine invention de l'imprimerie. Endymion, muet de naissance, devient son apprenti typographe et se révèle extrêmement doué pour le métier. 
Les deux enfants ont été choisis pour leur pureté et devront, chacun à leur époque, protéger le "livre ultime" des personnes mal intentionnées et avides de pouvoir qui pullulent parmi les adultes.
Il s'agit, vous l'avez compris, d'une histoire assez manichéenne mais, curieusement, très documentée sur la bibliothèque bodléienne d'Oxford et sur le 15e siècle. Il en résulte une ambiance moyenâgeuse, sombre et convaincante qui fait heureusement passer le style, pas exceptionnel, au second plan.
Un gros roman qui se lit facilement, vraiment pour les fanas de dragons vu son prix ...
 A partir de 13 ans
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